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Sur le fil [Entrainement solo]

Shirogane Honoka
Shirogane Honoka
Suna no Chunin
Messages : 626
Date d'inscription : 08/09/2019
Age : 37
Localisation : Dans des sables mouvants

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Shirogane Honoka
Sur le filft. Entrainement


J'étais assise dans la petite cour arrière de l'atelier de mon père, le postérieur bien posé sur un banc aux planches décrépies, la clope naturellement à la bouche et un regard blasé posé droit devant moi. J'avais un vieux mannequin d'entrainement en bois à quelques mètres sous mes yeux dont je pouvais discerner les entailles de coups de lames répétées. Il y avait aussi des tonneaux disposées tout le long et du verre éclaté sur le sol. Le vieux s'amusait à jouer aux fléchettes sur des bouteilles? A part que ce renard réfléchissait à mettre au point de nouveaux mécanismes pour ses marionnettes? J'avais beau être sa fille, il ne me confiant pas tout.

C'était à cette pensée qu'il sortit enfin de son atelier pour me rejoindre, se nettoyant les mains avec un chiffon crasseux avant de porter son regard sévère sur moi. Il se mit à soupirer lourdement quand il me fit avec la cigarette allumée et je compris que c'était pas trop le jour à l'enquiquiner avec mes vices. Je me mis à soupirer à mon tour, haussant les épaules et j'écrasais mon mégot sans qu'on échangea le moindre mot.

" Maintenant que tu as repris le boulot, faut aussi que tu réapprennes les bases. Je sais que t'en as pas causé, je sais que tu te contentes du minimum pour le moment, faute de mieux. Mais comme on le sait tous les deux, on va pas compter que tes connaissances te reviennent comme par miracle. "

Je fronçais du nez face à cette vérité. Ouais. Sur le fond, ça m'emmerdait profondément de me creuser la tête à récupérer des souvenirs. Par contre, j'avais pas prévu que ça impliquait d'avoir perdu des techniques que je maîtrisais autrefois. J'avais pensé qu'en partant en mission basique ou bien par des petites entrainements tout con, ça éveillerait des choses. Que dalle. Le vieux l'avait compris.

" Bon, allez gamine. Remue-toi, on va pas y passer la soirée. Va me chercher la caisse là-bas. "

Il me pointa un coin de la cour vers lequel je me dirigeais lentement.

" Qu'est-ce que j'ai dit? Au trot! "

Je laissais échapper un râle, puis accéléra. Ouais, j'avais plus de trente pige et je me conduisais comme une ado, et alors? Je lui portais la fameuse caisse mais il pointa du doigt les tonneaux.

" Fous-moi une bouteille sur chaque tonneau. Elles vont te servir de cible. "

Ha! La canaille! Les bouts de verre s'étaient donc ça? Il s'était lui-même entraîné pour vérifier qu'il n'avait pas perdu la main pour pas se taper la honte. Je le reconnaissais bien là. En tout cas, une fois exécutée, je revins vers lui qui allait me donner quelques explications.

" On va renforcer tes fils de chakra, gamine. Je sais que tu gères ta marionnette sans problème, mais là, tu vas t'en servir pour choper d'autres objets. Dit comme ça, cela à l'air facile sauf que contrairement à une marionnette articulée dont tu peux tout gérer de A à Z, là tu dois t'occuper d'un truc plus petit. Si tu me demandes le but, c'est que t'as perdu plus de neurones que ce que je croyais. "

Je fronçais les sourcils alors qu'il en faisait de même. Un petit combat de regard acéré. On se lançait des vacheries à longueur de journée. Je pouvais lui accorder celle-là.

" Ma cible, c'est la tronche du mannequin. "

Subitement, mon père fit naître des fils de chakra qu'il pointa vers une bouteille en verre. Ces derniers s'y agrippèrent et par un doigté habile, il l'envoya se fracasser sur la face imaginaire de son adversaire de bois. Je fis une petite moue comme si j'étais impressionnée avant de lui faire des signes.

" T'as pas perdu tes réflexes, le vieux. "

Retour à l'envoyeur. Il râla mais je vis dans ces yeux qu'il était plutôt satisfait de lui-même. Maintenant, c'était donc à mon tour. Pour les bases, je les avais déjà. Je n'eus aucun mal à manipuler mon chakra pour le condenser en de fins fils. Ce fut une toute autre paire de manche pour chopper mes cibles. C'était bizarre. Je me posais jamais la question de comment faire avec un pantin mais là, c'était comme si je ne savais pas par où prendre le truc. De mon hésitation naquit un ratage complet en bonne et due forme. Super. Mon père se foutait de ma trogne.

" Ha! Et après ça se moque des vieux? Remue-toi et arrête de réfléchir. En combat, t'auras pas le temps de la réflexion et tu le sais. "

Je dirais pas qu'il avait raison. Je le savais déjà. Je m'y repris à plusieurs fois avant de réussir à rattacher mon fil au verre.... puis je m'emballa un peu trop vite en voulant tirer dessus. La bouteille s'écrasa au sol et s'éclata en morceau. Ha. Ok. Super. Je tournais la tête vers mon père avec un peu d'incrédulité.

" Tu t'attendais à quoi? Qu'elle vole? Faut que tu prennes en compte le poids de l'objet pour le manipuler. Si un fil ça suffit pas, t'as qu'à en mettre plusieurs pour te rendre compte. une fois que tu chopperas le truc, tu affineras. "

Il me fit signe d'essayer sur la troisième bouteille encore intact et je suivis ses conseils comme la bonne fifille que j'étais. Je saisis avec un peu plus de facilité le flacon mais lorsque je tirais sur mes fils, le résultat ne fut pas plus terrible. J'avais néanmoins réussi à m'en saisir plus aisément et en tirant, je m'étais un peu plus approprié les propos de mon père. Je sentais la tension de la pesanteur de l'objet.

" Mouais... un peu mieux on va dire... Allez on reprend. "

Sur ces paroles, Yukio allait redisposer une nouvelle fois des cibles. Il y avait un peu de tout dans sa caisse. Parfois des bouteilles, des gobelets métalliques, une tasse en bois... des formes et des tailles différentes mais avec des poids assez similaires. C'était pas des trucs qui pesaient un kilo. Du coup, j'avais passé les heures suivantes à appréhender chaque cible, tendre mes fils, les attraper, me vautrer splendidement une dizaine de fois avant d'arriver à quelque chose d'un peu correct.

" Y a du mieux. On reprend. "

Si je vous disais que mon père était un acharné, vous me croiriez? Il fallait dire que c'était un Shirogane qui ne vivait que pour son art. Les marionnettes, leur conception, leur manipulation... c'était toute sa vie. Bien qu'il ne me l'ait jamais avoué, je savais que ça le désolait un peu que je ne fis pas entièrement comme lui, que je partageais à côté mon temps à la pratique du sabre. Cependant, comme j'avais toujours fait preuve de beaucoup de sérieux, je supposais qu'il fermait les yeux.

Du coup, c'était reparti pour un tour. Deux ou trois heures de plus que j'étais encore sur le même type d'exercice. Créer des fils. Attraper les objets. Tenter de les manipuler. J'avais presque l'impression de faire cela à la chaîne et j'hallucinais sur le nombre d'objets qu'il me faisait exploser. A croire que je lui servais à faire le ménage parce que tout ce que je démolissais, c'était bibi qui nettoyait. Ce renard...



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J'avais passé toute la sainte journée d'avant-hier à suivre les indications de mon père pour réapprendre toutes les subtilités de la manipulation de mes fils de chakra. Fallait dire que le vieux était un tantinet pointilleux dans les détails. S'il estimait que c'était pas assez bien, si c'était pas assez parfait, je recommençais encore et encore. Apparemment, quand j'étais gosse, il faisait déjà la même chose, le genre de papounet à qui on apportait un cadeau fait-main et qu'il le bousillait en vous demandant de recommencer mais en mieux. Si c'était pas de la fibre paternel ça? Mais à vrai dire, s'il y avait bien une chose que j'aimais chez ce renard, c'était qu'il ne regardait jamais avec un air de déception, même devant l'échec. Il était plutôt dans le défi pour me pousser à mieux faire. C'était ça, le vieux Yukio.

Je passerais donc les prises de becs récurrentes que j'avais avec lui, les piques incessantes que l'on se jetait avec au final la petite pointe de fierté quand on arrivait à obtenir ce qu'on voulait. Quand Monsieur estima que je maîtrisais mieux l'accroche, je passais à la phase deux qui demeurait la plus complexe. Comme il le disait lui-même, une marionnette avait généralement une morphologie humaine, on ressent plus facilement ses mouvements et leurs fluidités. C'était toujours plus simple parce qu'il existait un certain mimétisme du soi. Dans un objet, de la carafe de flotte à un kunaï, on le gérait pas de la même manière. On pourrait penser qu'il suffisait de viser, sauf que là, on vous demande de faire ça avec une corde. Je vous défierais de vous amuser à faire ça chez vous.

Je repris donc place dans la cour de l'atelier de mon père qui m'avait encore ramené tout un caisson de breloque. Je comprenais même pas qu'il pouvait stocker tout ça, et d'ailleurs, le regard qu'il me jeta quand je le vis avec était du genre "me pose pas de questions".

" Bon gamine. Maintenant que t'as gagné en dextérité, on va s'amuser à viser. "

A ces paroles, il commença à sortir des tas de trucs qu'il disposa un peu partout sur le sol : un verre, une assiette, un kunaï, des bricks et des brocs... Il minait le terrain en somme pour me donner l'occasion de me saisir de n'importe quoi pour atteindre mon objectif. De la même façon, il commença à épingler des cibles en papier un peu partout : mur, mannequin d'entrainement, etc...

" T'auras compris que je veux que tu vises les cibles en plein dedans. Pas à côté gamine. En plein milieu. Choppe ce que tu veux sur le terrain et frappe. "

A ces paroles, il joignit la pratique aux paroles et créa des fils de chakra à une vitesse folle au point que j'eus à peine le temps de réalité qu'en quelques secondes, il avait saisit un verre et envoyé en pleine poire du pantin d'entrainement. Je fis mine d'être impressionnée.

" A toi. "

Je me lança aussitôt dans la pratique également. Je tirais mes fils de chakras pour chopper une carafe, une cible assez grosse. Je pensais bêtement que ça me permettrait de pas trop me foirer. Grosse objet, petit cible. Je pouvais pas passer à côté non? Et bien si. Yukio avait mit son papier au niveau du visage du pantin, moi cela avait atterrit au niveau des roubignoles.

" C'est pas la tronche mais ça compte, non? ça doit quand même piquer un peu. "

" Te fout pas de moi! La cible! Recommence! "

Bon. J'avais compris. Fallait pas trop que je comptasse sur la chance. Je choisis autre chose et une autre cible. Plutôt en direction du mur cette fois. J'étais passée juste à côté. Pas loin, mais à côté quand même.

" Visualise gamine. Pense à tes fils comme s'il s'agissait de ton bras et frappe. "

Mes fils comme de longs bras. Mouais. Je manquais pas d'imagination donc ça pouvait le faire. Mais l'exercice était tellement différent d'avec une marionnette. Je soupirais un peu puis m'y repris. Je fis un paquet d'essai. Parfois ça tapait dans le mille, la fois d'après c'était une foirade. Tant que je faisais pas de cent pour cent, mon père considéra que c'était naze. Heureusement que j'étais une bourrique et que j'avais, malgré tout, un petit égo. Il ne me félicitait pas, il ne m'encourageait pas particulièrement. Il m'invectivait et me criait toujours "recommence" à chaque échec. Je recommençais. Je recommençais encore. Encore... jusqu'à ce que mes statistiques soient meilleures.

" Y a du progrès. Recommence. "

Je lâchais un soupir un peu plus appuyé pour montrer que j'en avais marre. Je voulais faire une petite pause, au moins pour fumer ma clope. De toute manière, j'avais explosé la moitié des objets de sa caisse. Fallait nettoyer le terrain. En tout cas, d'un seul regard, il comprit et ne me dit rien lorsque j'allais poser mon postérieur sur le banc. Il me laissa tranquille pendant les deux minutes qui suivirent sans rien dire et se contenta de nettoyer sa cour pour remplacer son bazar, avant de venir s'assoir à côté de moi.

Là, le vieux croisa les bras et regarda droit devant lui. Mes yeux l’observèrent du coin. En général, quand il était dans cette position, c'était qu'il voulait me déballer quelque chose de sérieux.

" Depuis que je t'ai recueilli, t'as toujours été fascinée par les marionnettes. Tu regardais ça avec des yeux brillants comme si c'était quelque chose de précieux. Le jour où je t'ai dis que je t'apprendrais à les fabriquer et les manipuler, j'avais jamais vu une gosse aussi heureuse. Tu m'avais rappelé ce que c'était d'avoir la passion pour quelque chose. Même adulte, t'avais toujours gardé cette lumière. Mais après ton accident, quand on m'a dit que t'avais les mains brisées.... on l'a laisser entendre que peut-être tu pourrais plus te battre comme avant... enfin... si tu te réveillais. "

Je soupirais un rond de fumée, je l'écoutais me sortir ce qu'il avait sur le cœur alors que je me mis à regarder la même direction vide que lui.

" T'es une Shirogane, ma fille. Les Shirogane abandonnent pas. Je savais que t'abandonnerait pas la partie et je sais que tu l'abandonneras pas maintenant. "

J'eus un petit sourire en coin, finissant ma cigarette avant d'en écraser le mégot. Là, je me redressais puis me tourna vers mon père, et je lui embrassa le front. Ce renard rougit comme un gamin et détourna les yeux. Il supportait pas le sentimentalisme mais il était tellement. Puis comme pour lui donner raison, je repris mon entrainement toujours dans mon silence habituel. Je laissais parler mes fils de chakra pour moi. Je me saisis d'une breloque et je visais la cible. Je réussis.

" T'as raison papa. Les Shirogane, ça n'abandonne jamais. "

Je détournais mon attention sur mon objectif, mais je lui cachais la réelle expression de mon regard. Ouais... on abandonnait jamais.... mais c'était pas de la passion qui me brulait les yeux maintenant, plutôt de la tristesse parce qu'abandonner, j'avais déjà failli le faire... Je le savais au fond de moi. Mais lui dire? Je refusais de le décevoir. J'aimais trop ce vieux bougon pour ça.

On reprenait. Fil. Objet. Visé. Fil. Objet. Visé. Si au fur et à mesure de l'heure qui défila j'arrivais enfin à quelque chose de correct et plus naturel, je finis par m'employer à acquérir une manière d'agir plus vite. Jusque là, j'étais statique, fallait que je fis les choses en mouvement. C'était partie pour l'heure qui suivit. Même délire mais je me mis à courir au quatre coins de la cour pour mieux maîtriser le tout.

Bon. Ne nous mentons pas. Cette seule journée ne suffit pas. Pas avec mon père. Il fallut attendre deux autres jours pour qu'il considéra que j'avais véritablement acquis tout le potentiel de cette évolution. Et vous savez quoi? Autant je pouvais maintenant me la péter en attrapant des objets avec mes fils et faire des farces à tous les ploucs qui m'emmerderaient de trop, autant j'avais jamais vu l'atelier de mon père aussi... vide. Finalement, c'était se demander à qui cet entrainement avait le plus profité.



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