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Le clash des Titans [avec Myōshin Junko]

Kamiko Fumetsu
Kamiko Fumetsu
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Kamiko Fumetsu

Plaine de Karawar  

Le petit hameau qui se dégageait au travers des minuscules trouées dans les arbres vivait au rythme discret des préoccupations de chacun de ses habitants. Telles des fourmis ouvrières, chaque individu vaquait à ses occupations ; ils trimaient, s’entrainaient, s’amusaient, discutaient. Les quelques volutes de fumée s’échappant des maisonnées n’étaient nullement liées à des feux de cheminée, mais étaient dues à la chaleur se dégageant des habitations, affrontant la douceur de l’air frais. Cette vision féérique avait quelque chose d’enchantant, de reposant, même. Yamamoto Hidenori était assis, là, par terre, à contempler, involontairement à la dérobée des regards, les points noirs s’agiter. Il connaissait cet endroit par cœur, il pouvait encore reconnaître, même à cette distance, quelques de ses anciens voisins, compatriotes. Son regard était triste, assombri, si cela était possible compte tenu de la noirceur de ses pupilles. Si ses yeux étaient tournés vers le village, ses pensées, quant à elles, étaient captivées par un point noir manquant à ce tableau merveilleux de vie. Haruki. Une silhouette de boutiquière manquait à l’appel. Il ne la voyait pas tirer les caisses de tissus. Il ne la voyait pas étendre les étoffes précieuses sur quelques tendeurs placés en hauteur. Les souvenirs douloureux ne manquaient pas. On lui reprochait souvent d’être constamment tourné vers le passé, à se ressasser son départ. Il avait soixante et un ans. Il voyait son heure arriver rapidement, provoquée par sa propre témérité. Sa souffrance s’atténuait progressivement, au fil des jours, au fil des années, remplacée par une rage de vaincre, de prouver sa valeur. Il redevenait l’homme de guerre qu’il fut. C’était le meilleur moyen, pour lui, de la rejoindre, en guerrier. Son nom devait rentrer dans l’Histoire, tel qu’il l’avait voulu lors de la guerre des Clans. Chassant ses pensées, Yamamoto Hidenori se releva, un dernier regard vers ce qu’il a appelé sa maison pendant plus d’une vingtaine d’années, une dernière pensée pour celle qu’il a aimé pendant ce même temps et qu’il continuera à aimer jusqu’à son dernier souffle. Il était venu ici afin de se réconcilier avec l’âme de sa femme défunte. Ce voyage était une rédemption. Son deuil ne sera jamais terminé mais il souhaitait avancer. Ne plus lui laisser les rênes de sa vie, mais en échange, de ses rêves et de son cœur. Cela, il ne pouvait lui retirer. Il devait se concentrer dans les tâches à venir, et lorsque son heure viendrait, il irait. Le sexagénaire s’écarta résolument de la trouée, en paix. Après quatre ans, jour pour jour, il savait quelle direction prendre. Celle du combat.

Alors que Yamamoto Hidenori sortait du bois, une silhouette féminine se détachait, là, dans la plaine. Une femme, seule. Un kimono noir aux motifs fleuris, d’une palette de couleurs vives. Du rouge, du bleu, du jaune, surtout. Un chignon haut, à la nature complexe, visiblement travaillé, venait orner sa chevelure. Fronçant les sourcils, il continua de l’observer, sans essayer de se cacher, jusqu’à ce qu’elle pose les yeux sur lui. Elle se détachait du paysage dans lequel elle se trouvait, sûrement étrangère à ses terres. Précisant les contours de ses vêtements, il aperçut une marque, celle d’Uzushio. Une ennemie, pensa-t-il, un peu amèrement. Restant sur ses gardes, sachant sa propre appartenance à Suna clairement visible, il prit la parole en premier, élevant la voix de manière autoritaire.

« Que fait une ressortissante du village caché d’Uzu en ces terres ? »


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Myōshin Junko
Myōshin Junko
Uzushio no Jonin
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Myōshin Junko

Lorsqu’elle partait aussi loin, Junko faisait toujours son possible pour ne pas croiser de ressortissants des Grandes Nations – puissances alliées, ennemies ou neutres, indistinctement. Elle prenait son temps, faisait des détours, passait par des endroits improbables et isolés. Elle se protégeait et protégeait les autres également ; elle évitait une bévue, si vite arrivée lorsque, comme elle, on avait tendance à douter de tout. Pourtant, pour une raison qui lui échappait, depuis qu’elle avait pénétré les Plaines Fertiles du Sekai, elle semblait attirer une race toute particulière : le Sunajin. Tout d’abord, au beau milieu du plateau d’Arakura, et maintenant dans la plaine de Karawar. L’avait-on suivie sans qu’elle ne s’en rende compte ? Elle balaya l’espace du regard. Il n’y avait rien – seulement une étendue herbeuse et cette montagne de chair qui s’adressait à elle comme le propriétaire de ces terres. Elle n’était pas dupe cependant, elle voyait bien l’insigne de Suna trônant à sa ceinture, à l’image d’un lutteur professionnel. En outre, elle croyait se souvenir que la frontière du pays du Vent se trouvait bien plus loin, par-delà les plaines désertiques.

Elle plissa les yeux, silencieuse et indécise. On ne pouvait pas dire qu’il était particulièrement grand, mais il en imposait par sa carrure. Certainement qu’il pouvait lui briser un os à la force de ses mains, et il ne fallait certainement pas se fier à son absence de cheveux et la taille de sa barbe. Pour être aussi sûr de lui, le vieil homme devait s’entretenir. Alors, sa vieillesse n’était pas signe de faiblesse mais d’expérience et il en devenait d’autant plus dangereux. D’instinct, elle fit appel à quelques talents sensoriels et se concentra davantage sur la signature du chakra de l’individu. Elle eut rapidement la confirmation qu’il ne s’agissait pas de n’importe qui ; il lui apparaissait que, par comparaison avec ses propres réserves de chakra, les siennes étaient légèrement moindre. Certainement que cela provoqua chez elle un sursaut d’orgueil, car elle se décida à prendre la parole.

« Je pourrais vous retourner la question… » commença-t-elle finalement, sans l’ombre d’un sourire sur ses lèvres. Puis désignant la ceinture de l’homme d’un mouvement de tête : « Suna, c’est bien cela ? On s’y perd avec toutes ces bourgades… » La remarque à elle seule sonnait comme une insulte, mais elle y avait ajouté un soupçon de condescendance, de telle sorte que le doute n’était pas permis. Elle n’avait pas pu s’en empêcher, piquée au vif par le ton autoritaire qu’il avait eu. Pour qui se prenait-il ? Y avait-il son nom sur les brins d’herbe ? Elle souhaitait simplement lui rappeler – sinon, lui inculquer – ce qu’était l’humilité, sans vraiment se rendre compte que, quelques instants auparavant, elle se félicitait d’avoir a priori une plus grande réserve de chakra. En outre, sa réponse n’était certainement pas le choix le plus pertinent pour un enseignement, mais Junko n’avait jamais été un modèle de pédagogie.

Elle plongea son regard dans celui du vieil homme ; son visage semblait avoir traversé les âges et s’était creusé par endroits – en d’autres, on aurait dit qu’il avait été lacéré. Cela aurait été mentir que de dire que Junko était parfaitement sereine. En réalité, tout son corps s’était tendu, comme dans l’attente d’un signe, d’un élément déclencheur. Compte tenu de la tournure que prenait cette rencontre, c’était surement pour le mieux.


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Kamiko Fumetsu
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Kamiko Fumetsu

Plaine de Karawar

Un timbre teinté d’inimitié, la shinobi d’Uzushio venait de me provoquer ouvertement. Après tout, je n’avais fait preuve que de peu de diplomatie, il est vrai. Comme quoi, un échange malheureux, aux inflexions provocatrices et suspicieuses, avait finalement instauré un climat dangereux. Une rencontre entre deux ressortissants de villages cachés différents suscitait toujours des frictions, et celle-ci commençait terriblement mal. Les tensions et les rivalités entre les nations provoquaient toujours des escarmouches et autres dommages collatéraux en dehors des terrains d’opérations. Cette situation n’en différait pas. Elle aussi devait en avoir conscience. L’incompatibilité de nos insignes entraînait souvent ce genre d’incident. Malheureusement pour elle, je venais de faire la paix avec mon âme. Je ressentais un besoin d’exprimer la violence contenue en moi depuis quelques jours. Il me fallait un défouloir afin de me retrouver. « C’est dans la douleur que l’on sait qui on est. » Les pensées amères et tristes avaient disparues, remplacées par un fourmillement presque surnaturel.

Le silence s’était doucement installé entre nous deux. Seuls quelques bruissements légers de l’herbe caressée par le vent venaient déranger la quiétude. Le calme avant la tempête. Ma respiration se faisait plus lente. Je me sentais bouillonner. Quelques pincements stomacaux, ici et là. Quelques frissons. Un sourire carnassier. Les yeux rivés sur la jeune femme. Je sentais mon corps trembler subrepticement. L’excitation me gagnait. Son impassibilité trahissait une fierté difficilement dissimulable, de l’orgueil peut-être. Il n’y avait pas d’engeance que j’haïssais plus que les vantards, doublés, souvent, d’une couardise qui n’a d’égale que leur bêtise. Je la regardais, maintenant, avec une sévérité singulière. Je me devais de savoir si sa dureté dépassait le masque qu’elle affichait. Je m’approchais de la jeune femme avec une lenteur calculée. Il me fallait en avoir le cœur net. Dans une gerbe d’herbe, j’effectuais un shunshin, simple mais rapide, afin de me projeter vers mon interlocutrice. En un instant, je me retrouvais devant elle, à un mètre à peine. Je la toisais, maintenant, plus grand de trois coudées, plus imposant. Mon regard s’était fixé dans le sien. Il avait quelque chose d’ensorcelant, de triste aussi. Elle semblait résolue, courageuse. « Intéressant… Espérons qu’elle soit à la hauteur de mes espérances. » D’une voix ferme, menaçante, aux accents intimidants, je lui sommais de partir.

« Femme d’Uzushio. Je ne te le dirai qu’une fois. Cette terre est sacrée pour moi. Je ne te laisserais pas y poser un seul pied de plus. Rebrousse chemin. Oublie cet endroit. C’est un conseil. »

Le reste allait dépendre de son choix. Mes muscles se contractaient progressivement, dans l’attente insupportable de sa réponse. Les dents serrées, je n’avais en tête plus que ce shinobi à l’aspect travaillé.


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Myōshin Junko
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Myōshin Junko

La tension était palpable – chacun jaugeait l’ennemi sans dévoiler ses propres faiblesses. Alors, le vieil homme se décida finalement à répliquer à l’offense, avec la même superbe qu’auparavant. Tandis qu’il s’approchait lentement, la dame ajusta sa posture, passant ses mains dans son dos comme pour montrer son aplomb. Elle était fière et se montrerait impassible jusqu’au bout. Et puis, soudainement, il se téléporta à ses côtés. La dame se sentit vaciller légèrement – il aurait été mentir que d’affirmer qu’elle n’avait pas eu une légère frayeur. S’il l’avait voulu, il aurait pu l’envoyer valser sans mal. D’ailleurs, l’idée qu’il puisse utiliser, de nouveau, une telle technique l’inquiétait quelque peu et elle activait son esprit pour trouver la parade la plus adaptée. Son effroi s’était cependant envolé avec l’assurance qu’il ne ferait rien cette fois-ci : tous deux étaient parfaitement conscients du poids de leurs actes. S’ils en venaient aux armes, il leur fallait une véritable raison.

Cette raison, le Sunajin la lui fournissait finalement : une menace pas même dissimulée et, surtout, l’audace de se proclamer maître de ces terres – car, de fait, il s’octroyait le droit de décider de ceux qui pouvaient y passer. Elle réprima ostensiblement un rire, et soutint son regard. Si elle avait été surprise par sa capacité à réduire la distance qui les séparait, il n’était plus question qu’elle se laisse démonter à présent. Elle commença, d’une voix calme. « Un Sunajin qui revendique une terre, aussi loin de son pays… » Elle laissa sa phrase en suspens, comme si elle évaluait le pour et contre. Comme si elle allait lui céder et partir. En réalité, pour elle, s’était tout vu : il outrepassait ses droits et elle ne le tolèrerait pas. Déjà, elle préparait son prochain coup.

Alors, elle hocha la tête, tout en souriant. S’il croyait l’avoir convaincue, il allait être déçu. « Je crois, malheureusement, qu’il faudra m’en sortir par la force. » Et, avec rapidité, elle exécuta cette technique qui l’avait souvent sortie de situations périlleuses : Kasumi Jusha. Certainement croirait-il à une technique de clonage, en réalité il s’agissait d’une illusion qu’elle affectionnait tout particulièrement. La multitude de clones, se reformant aussitôt détruits, lui permettait de se dissimuler dans la masse et d’échapper au corps à corps – qui s’annonçait si dangereux, avec un adversaire de cette carrure. Une partie des clones immatériels se jetaient sur le vieux Sunajin, tandis qu’une autre partie se mettait en mouvement pour lui cacher la vue.
Ayant bondi dans la masse, Junko préparait sa prochaine attaque. Comme elle pressentait qu’il faudrait le neutraliser assez rapidement, elle se mit en tête d’utiliser un jutsu un peu particulier. Elle exécuta quelques mudras puis, à l’instar des clones, se jeta sur l’adversaire. A plusieurs sur lui, il ne pourrait probablement pas savoir où était la véritable Junko. Alors, soudainement, elle plaça sa main en avant, les flammes du Gogyo Fuin visibles au bout de ses doigts. Il lui suffirait de toucher la peau de l’homme pour que le sceau s’appose ; l’effet serait immédiat.
En soi, elle avait conscience qu’une telle attaque l’exposait à une réplique cinglante, mais elle comptait sur l’efficacité du sceau pour s’en sortir sans trop de dommages.


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Kamiko Fumetsu

Plaine de Karawar

Ses yeux reflétaient quelque chose de malicieux. De terrible. Elle n’avait pas été intimidée, et c’était tant mieux, finalement. Le sourire à peine réprimé me donnait raison. C’était une femme belliqueuse. Tout comme moi. Il ne lui fallut qu’un instant pour me plonger dans une marée de clones. Sans céder à la panique, j’inspirais lentement. Posément. Un battement de cœur. Un deuxième. Un troisième. Les images se superposaient dans mon esprit. Une femme qui ne respirait plus. Ma détresse. Mes hurlements. Mon désespoir. Je ne voulais plus jamais vivre ça. L’envie de la rejoindre avait été terrifiante. On avait testé ma loyauté à cause de cela. On avait douté de moi. Cela, je ne pouvais plus me le permettre. Si elle souhaitait un combat digne de ce nom, elle se souviendrait de mon nom. Quatrième battement. La première vague de clones s’abattait sur moi à une vitesse terrifiante tandis qu’une deuxième m’obstruait la vue. Logiquement, mon adversaire devait se cacher derrière ce mur sacrificiel afin de profiter d’un instant de faiblesse pour agir. Cinquième battement. J’expirais. « A nous deux, Uzujin. » Je laissais venir la marée humaine. L’impact était imminent. Sixième battement. Avec un hurlement sauvage, profond, j’éclatais mon poing contre le sol. Celui-ci se fractura, submergeant les clones proches, les éliminant tous dans une gerbe de rochers soulevés par mon coup, la révélant. Septième battement. Esquissant un sourire, je ne pus m’empêcher de la provoquer.

« Surprise ? »

Elle était là, la main tendue, ses doigts teintés de la couleur familière du chakra, certainement déséquilibrée par l’impact. Elle était si proche. Je ne pouvais esquiver l’apposition de ses doigts sur mon torse au vu de sa proximité. Je me concentrais, bandais mes muscles dans une excitation presque réflexe. Il était temps de mettre un terme au combat. Dans un neuvième battement de cœur, je me lançais avec une vitesse fulgurante vers mon adversaire. Ses doigts froids me touchèrent, me faisant hurler sous la douleur soudaine, mes boyaux comme tordus sous l’impulsion donnée par ma technique. Passé dans son dos, mon coude chargé de chakra, je lui assénais un coup haineux. Vicieux. La douleur dans mon ventre avait embrasé mes sens. J’étais de retour dans la tourmente de la bataille. Je ne pouvais sous-estimer cette femme. Pas elle, pas une shinobi ayant engagé un combat sans états d’âmes. Dixième battement. Je me redressais suite à l’impact. Restant sur mes gardes, j’attendais sa riposte qui ne devrait pas tarder à venir, la main sur le ventre.

« Je te l’ai dit, femme. Cette terre m’est précieuse. Elle n’appartient ni à Suna, ni à quiconque, seulement à mes souvenirs. Ne m’oblige pas à aller plus loin que nécessaire. »

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Myōshin Junko

A quel moment la Vanité avait-elle eu raison de la Lucidité ?
Pourquoi ne s’en était-elle pas rendu compte ?
Comment… Avait-elle fait pour tomber aussi bas ?


Il lui sembla que quelqu’un disait quelque chose, mais la voix, lointaine, était couverte par un sifflement strident. Elle ne savait plus trop où elle était ; même le sol ne lui paraissait pas réel, comme si elle flottait dans les airs. Pourtant, elle croyait bien l’apercevoir, au milieu des larmes qui lui brouillaient la vue. Mais était-ce vraiment le sol ? Cela pouvait tout aussi bien être le ciel, elle n’en savait rien. Tout était si flou, si blanc et si noir… Était-elle encore debout ? Elle essaya de se relever. Alors, tous ses sens s’éveillèrent au même moment et son corps tout entier – celui-là même qui semblait si léger l’instant d’avant – sembla se déchirer.
Une douleur vive l’assaillit, depuis la nuque, parcourant l’échine, se propageant dans toute sa chair. Elle eut envie de hurler et s’en mordit les lèvres. Le sifflement s’intensifia et ses tempes se mirent à pulser furieusement. Elle voulut inspirer profondément, pour reprendre ses esprits, mais sa cage thoracique lui faisait atrocement mal. Un gout de sang ; l’odeur, également. Elle se sentit soudainement nauséeuse – quelque chose devait s’être brisé, à l’intérieur. Peut-être vomit-elle pour de vrai à ce moment-là, elle n’aurait su le dire. Ses larmes, en revanche, étaient bien réelles. Elle avait beau lutter, elle ne pouvait les retenir.

Voilà ce que son arrogance lui coûtait. Elle avait été trop sûre d’elle, trop fière. Elle avait voulu arrêter un inconnu, elle s’était offusquée de quelque chose qui ne la regardait pas. Qui était-elle pour s’opposer à un ennemi, sans rien savoir de lui ? Qui était-elle pour se jeter ainsi dans la bataille, sans même réfléchir aux conséquences ? Qui était-elle…

Un être gangrené, mort de l’intérieur. Elle n’éprouvait plus rien. Elle vivait par devoir, sans vraiment y prendre de plaisir. Bien sûr, elle avait des idéaux, comme tout le monde. Et il y avait des choses, et des gens, qui l’intéressaient. Mais, au fond, pourquoi faisait-elle tout cela ? Pourquoi voulait-elle toujours se battre, pourquoi doutait-elle de tout le monde, pourquoi ne s’attachait-elle à personne… Toujours, et encore.  
Pour être tout à fait honnête, elle avait cherché ce moment – elle l’avait presque provoqué. Inconsciemment, elle éprouvait le besoin de souffrir. La douleur était peut-être la seule chose qui lui appartenait encore ; la seule chose qui la maintenait en vie. Était-ce vraiment dénué de sens ? Alors, au milieu des sanglots qui se tarissaient, un rire s’éleva. Un rire franc, presque heureux. Elle s’essuya la commissure des lèvres, rougie par son propre sang. L’ennemi était là, il lui faisait face. « Est-ce que… Tu vas me tuer ? » Il pouvait le faire ; il en avait les capacités, du moins, restait à savoir s’il en aurait le courage. Elle ne connaissait pas son passé, mais un homme de son âge et de sa force devait avoir connu la guerre. Il avait du métier ; elle ne serait pas son premier meurtre. « Je suppose… » continua-t-elle – elle semblait absente. « Je suppose que je devrais t’éliminer en premier alors. » Et tandis qu’elle parlait ainsi, sa voix se faisait de plus en plus grave, de plus en plus profonde – de plus en plus triste, également.

Cette voix entraînait progressivement le Sunajin vers les abysses. Elle ne savait pas exactement ce qu’il y verrait, mais elle était persuadée que cet homme avait des remords, profondément enfouis en lui (personne ne pouvait y échapper). Des remords qui resurgiraient soudainement, alors qu’il sombrerait dans le Genjutsu des Mots Prononcés. Ténèbres et solitude.
Elle ne perdit pas de temps : sitôt la technique lancée, elle bondit vers lui. C’était sa chance – la dernière peut-être. Il devait être aveugle et sourd, piégé dans le monde froid et terrible que son esprit imaginait. L’effort la fit grimacer : de nouveau, ses tempes se mirent à pulser. Mais elle ne reculerait pas, jamais. Elle était cette machine qui écraserait tout, jusqu’à la fin. Alors, rapidement, elle prépara un nouveau sceau et, sans hésiter, l’appliqua sur le corps sans âme.

Finalement, elle recula, contemplant son œuvre. Après le Gogyo Fuin, le Jigô Jubaku no In, apposé au niveau de son cœur, finissait de sceller le monstre. Ce court répit ne lui faisait pas de mal. Elle chancela, se retint de justesse à un rocher propulsé là au cours du combat. Ce type avait salement amoché sa « terre sacrée »…


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Kamiko Fumetsu



Plaine de Karawar

Piètre allure. Elle avait perdu toute sa superbe, traînant un cadavre en sursis au milieu des décombres de ma terre. Engagée dans un combat qui la dépassait, elle m’avait sous-estimée, à son grand dam. Je la voyais se relever, sans grâce, sans arrogance, blessée tant dans sa chair que dans son orgueil. J’exultais d’une joie sans nom ; l’uzujin était debout, elle riait. C’était un rire sincère, presque heureux. Elle m’était si similaire, cherchant dans l’adversité la douleur, le rapprochement de l’inatteignable, l’éveil des sens, l’exacerbation du désir de mort ; qu’il soit ennemi ou personnel. Dans la violence, dans la douleur, on se révèle au monde, à bas les masques, à bas les précautions. J’étais moi-même, à ce moment-là, l’être violent du clan Yamamoto, respecté parmi mes pairs, crains de mes ennemis. Dans un instinct tribal, j’écartais les bras, jubilant. Elle avait gagné mon respect, j’avais cru la voir abattue, marquée par les fluides grossiers marquant son visage – les larmes, le vomi et le sang – mais malgré cela, elle se tenait devant moi. Son discours était tout ce que je voulais entendre, tout ce que je souhaitais. Un combat à mort. Un combat sans vainqueur. Un combat scabreux. Un combat graveleux. Un combat… La noirceur m’avait enveloppé, je ne voyais rien, n’entendais rien, je sombrais.

« Hide. »

Je me relevais en sursaut, paniqué, cherchant la provenance de mon interlocuteur. Elle se tenait à mes côtés. Sa main pressant la mienne. Sa voix était chevrotante, tremblante dans un effort insoutenable. Ses trais creusés, les rides de l’âge marquant un visage blafard. Ses cheveux si merveilleux avaient perdu de leur couleur caramel en faveur d’une blancheur neigeuse. Son corps fragile et mince était recroquevillé sur lui-même, elle avait froid. Je l’observais bouche-bée, effarée de la voir dans cet état. Incapable d’agir, je la voyais formuler des mots fantômes, guère plus qu’un souffle pénible. Je me penchais sur elle, meurtri dans mon âme, une douleur indescriptible rongeant mon cœur, mes boyaux. Aucunes larmes ne coulaient. Arrivé à sa hauteur, je tentais de percevoir ses derniers mots, sa dernière phrase. Se faisant violence, elle parvint à m’adresser sa bénédiction.

« Je t’aimerai toujours, mon lys. »

Le voile injuste de la vie passait devant ses yeux à la dernière syllabe. J’hurlais de rage, de désespoir. Je n’osais la toucher, je n’osais la serrer dans mes bras. Je n’avais pas été capable de l’accompagner. Fou de chagrin, je m’égosillais jusqu’à me rompre les cordes vocales. Criant encore, et encore, et encore… La lumière me tirait en arrière, je voyais tout, entendais tout, je revenais.

Je me tenais là, incapable d’effectuer un seul mouvement, ma gorge brûlante. Je ne tardais pas à l’apercevoir. La femme responsable de mon malheur. Furieux, tel un chien enragé, je combattis le sceau qu’elle m’avait administré lors de mon inconscience. La douleur physique et psychique était importante, me tiraillant les muscles, faisant résonner mes os comme s’ils étaient sur le point de rompre. Seul un râle rauque sortait de ma bouche. Mon visage était déformé par la haine. J’allais la tuer. J’allais l’assassiner avec toute la violence dont je pouvais faire preuve. Enfin libéré, au prix d’un épuisement moral puissant, au prix d’un effort musculaire intense, je me jetais, puisant dans mes dernières réserves, sur l’objet de mon désespoir. Ressemblant à un démon libéré des cercles les plus ignobles des enfers, je m’abattais sur l’uzujin, ma paume venant la frapper en plein thorax, l’enfonçant davantage. Levant une deuxième fois mon bras afin de l’achever, une sensation de vide terrifiant m’emplit et je m’effondrais. Les yeux rivés sur la shinobi, je me trouvais à genoux, suppliant, luttant pour rester conscient.

« Montre la moi encore une fois. Pitié. Ne meurt pas avant de me l’avoir montrée une nouvelle fois… »

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Myōshin Junko

Son râle, rauque et puissant, la fit frissonner au plus profond de ses entrailles. Elle ne ressentait non pas de la peur, mais une excitation presque sauvage, qui faisait frémir son corps tout entier. Le mal semblait avoir disparu – mais ce n’était qu’une illusion, un répit rendu possible par la quantité d’adrénaline que sécrétait son corps. Elle s’était affranchie de toute crainte, résolue à donner sa vie dans leur combat. Alors, elle contemplait son ennemi, qui luttait férocement contre les chaines qu’elle avait créées. Il était furieux, enragé. Elle eut soudain la très nette impression qu’il réussirait à briser le sceau. Mais elle ne pouvait pas fuir, elle n’en avait plus le temps, ni la force. Dans un ultime effort, elle se redressa, comme pour s’écarter. Mais quelque chose la retenait. Ses yeux ne parvenaient pas à se détacher de cet homme, qui luttait sauvagement. Il était retourné à l’état d’animal, tout comme elle quelques instants auparavant. Et de la fascination naissait le respect. Ils étaient semblables : des êtres sauvages et féroces.

Quand il brisa enfin ses chaines, Junko sut que ce serait la fin. Sa fin. Elle avait réveillé le diable et rien ne pourrait l’arrêter. Elle atteignait ce moment de lucidité ultime qui précédait le néant ; ses pensées allèrent vaguement à son fils. Finalement, elle ne l’aurait pas revu. Elle n’en aurait pas eu le courage. Elle était faible, elle l’avait été toute sa vie et la finissait comme telle. Elle regretta d’avoir pleuré, quelques temps auparavant ; elle n’avait plus de larmes à verser pour son enfant. Ses yeux restaient secs.
La paume de l’ennemi s’abattit violement sur elle, écrasant son torse. A ce moment, son corps dut atteindre sa limite car il ne lui sembla ressentir aucune douleur. A vrai dire, son esprit était déjà loin, il avait plongé dans les limbes. Elle crut entendre une voix – on la sommait de ne pas mourir – et puis plus rien.

Mais peut-être cette voix la sauva-t-elle alors que, dans l’inconscient de la dame, elle se mêlait à ses dernières pensées – au visage de son fils. Peut-être lui donna-t-elle la force de lutter, une dernière fois. Son fils l’appelait ; était-il là, dans les ténèbres, quelque part ? Elle n’entendait plus la voix, mais elle en avait le cœur net. Il avait dit « ne meurs pas ». Il l’avait dit… Et elle devait trouver une sortie, retourner vers la lumière et voir son fils qu’elle n’avait pas eu le courage de retrouver avant. Le voir et lui demander pardon. Pardon pour l’avoir abandonné, ne pas avoir lutté et n’être jamais revenue. Et puis, aussi, pardon pour la souffrance qu’il éprouverait en la découvrant morte, après sept années d’absence.

« Morte ? »

La lumière du jour lui brûla la rétine, tandis qu’elle ouvrait douloureusement un œil. Il se mit à pleurer et elle ne put dire si elle se trouvait sur Terre ou en Enfer. Mais tandis qu’elle inspirait profondément, l’odeur du sang vint agresser ses narines. Une odeur bien réelle, malheureusement. Elle était vivante – peut-être même laissée pour morte par son adversaire.
Il lui fallut plusieurs secondes pour reprendre totalement ses esprits. Alors, la scène qui lui apparut lui sembla presque surréaliste. L’ennemi était à ses côtés, à genoux, marmonnant quelques paroles inaudibles, comme une lamentation. A quel moment s’était-il écroulé ? Puis elle fut prise d’un sursaut soudain, tandis qu’elle se remémorait ses derniers instants. Son fils ! Elle tenta de se relever, jetant des regards furibonds tout autour – son corps s’y refusa. Rien, ni personne. Ils étaient seuls. Alors, son regard se posa sur le vieil homme – il semblait si proche de la mort, lui aussi. Elle éprouva une haine violente, comme si elle le tenait pour responsable de la disparition de son fils. Elle voulait le détruire… Mais le désespoir semblait plus fort encore que la haine et, en l’état, elle ne pouvait se résoudre à le combattre, encore.

Elle lui attrapa le poignet, le serrant faiblement. Il marmonnait encore, comme s’il était dans un autre monde. Se trainant à moitié, elle s’approcha de lui pour entendre ce qu’il disait. « Qui… » commença-t-elle, avant d’afficher une grimace de douleur. « Qui cherches-tu à revoir ? » Peut-être avaient-ils bien plus de choses en commun qu’ils ne le croyaient – elle s’en rendrait compte bien assez tôt.


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Kamiko Fumetsu
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Plaine de Karawar

La douleur cruelle galopant dans la totalité de mon corps n’était pas physique, une cicatrice psychologique s’était ouverte sur le monde, invitant tout indésirable à se lover dedans, gangrenant ma santé mentale. L’uzujin ne savait pas à quel point elle m’avait affecté. Je me trouvais, là, à genoux, pleurant la disparition d’une femme que trop présente dans mon cœur et mon esprit. Le contact de sa main me fit presque sursauter - si j’en avais eu la force. Je ne voulais pas bouger, ou, plutôt, en était incapable. Cette sorcière de femme avait comme enfermé mon âme dans un carcan de fer, me tourmentant de pensées encore trop ignobles. Je marmonnais dans ma barbe, inlassablement, la même phrase ; souhaitant son retour, souhaitant la revoir. Haruki. Mon visage déformé par le désespoir, mon âme aspirée par la haine, mon cœur brisé par la perte, je ne réussissais pas à réunir mes pensées pour former autre chose que cette litanie sans fin. Il me fallut du temps pour que les mots de mon ennemie viennent atteindre mes oreilles, comme une quémande distante, charriée par le vent. Le voile noir qui brumait ma vue s’échappait progressivement, remplacé par la clarté du jour. Elle gisait là, toujours enfoncé dans la pierre, la poitrine se soulevant difficilement provoquant un sifflement presque surnaturel lorsqu’elle inspirait. Sa résistance était tout à fait stupéfiante, elle avait survécu.

« Ma femme… »

Ces mots emplis de tristesse me faisaient l’effet d’une boule de lave, trop grosse pour ma trachée, descendant dans gorge lentement. Je déglutissais difficilement. Lui révéler ça, à elle, je n’avais pas pu m’en empêcher. Comme si, elle-même, souhaitait revoir quelqu’un, un être cher. Un moment partagé, sans restriction de nations, oubliant un instant le combat acharné dont on venait de se livrer. Seuls les sentiments, les souvenirs s’entremêlaient. Deux êtres similaires aux passés où la tâche de l’abandon, de la mort, de la perte s’agrandissait au fur et à mesure de leur existence. Un lien s’était créé, comme souvent lors d’un combat à mort. Un regard partagé suffisait à comprendre son ennemi, l’apprécier, le respecter. C’était une guerrière aux cicatrices invisibles. J’étais un soldat aux cicatrices visibles. Chacun dans notre domaine, nous avions vaincus, combattus et perdus. Aujourd’hui, il n’y avait pas de vainqueur. Il n’y avait que nous, épuisés, aux portes de la fin partageant sur un lit de mort nos craintes et nos peurs. Une question me brûlait les lèvres et je parvins à la poser, les mots s’échappant de ma barbe dans un souffle pénible. Il fallait que j’en aie le cœur net.

« Et toi ? Qui vois-tu dans tes rêves, uzujin ? »

Encore une fois, la déglutition fut pénible, la gorge sèche, serrée dans l’attente d’une réponse. Je me permis de fermer les yeux, la tête repoussée en arrière, laissant le vent doux me laver de mes pensées lancinantes, incessantes. La brise me calmait, ralentissait mon rythme cardiaque. J’étais tenté de me laisser transporter par le monde, de me laisser partir. J’étais épuisé.
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C’était lorsque tout semblait perdu, lorsque la fin était inévitable, que chacun se révélait ; les peurs, les peines, les souffrances et les doutes. Tout surgissait, dans un flot incontrôlable. On acceptait de dévoiler nos secrets les plus intimes, avec l’espoir que, peut-être, notre âme perdurerait à travers eux. « Tant que l’on se souvient, j’existe encore. » Et quel meilleur moyen pour cela que de marquer les esprits par le poids de notre vérité.
Elle croyait se battre contre un monstre assoiffé de sang ; il était en réalité un mari esseulé, veuf certainement. Depuis combien d’années portait-il le fardeau de la solitude ? La dame le considéra un instant, le détaillant du regard sans même se cacher. Elle observait chaque ride, chaque cicatrice, comme si elle observait ses abysses. Dans son regard, il n’y avait plus trace de la haine qu’elle lui vouait, l’instant d’avant. Il y avait une certaine douceur, même. Une certaine compassion. Soudain, ils n’étaient plus des ennemis mais des alliés – ils savaient ce que signifiait vivre seul. Survivre seul.

Elle demanda alors, sans pudeur, car il n’y en avait plus entre eux : « Elle est morte ? » Puis, reprenant péniblement son souffle : « Depuis combien de temps ? » Ce n’était pas de la curiosité mal placée. C’était seulement sa façon à elle de prendre la mesure de la révélation qui lui était faite. Sa façon à elle de le respecter ; en acceptant son secret tout entier, en le gravant profondément dans son esprit. En le portant aussi longtemps qu’elle vivrait – pour que cet homme, ce combattant féroce, existe encore avec elle. S’il la désignait comme porteuse de sa vérité, elle souhaitait assumer pleinement ce rôle.
Elle le regardait et se demandait comment il avait pu vivre aussi longtemps. Elle se serait certainement laissé mourir… A sa place. Car elle, elle avait encore de l’espoir ; elle croyait dur comme fer que son fils était encore vivant. Mais lui, à son âge, qu’est-ce qui le poussait encore ?

Quand il lui retourna la question, Junko était prête. Elle savait qu’il demanderait, à son tour, de lui révéler l’identité de cet être absent. Elle sourit tristement lorsqu’il évoqua ses rêves, cependant. Cela faisait si longtemps qu’elle ne rêvait plus ; elle craignait même de s’endormir. Elle fuyait ses cauchemars. Ses rêves… Ses rêves n’étaient que des illusions, qu’elle s’injectait périodiquement, pour oublier, pour recommencer sa vie. Cela ne marchait pas toujours, car il était difficile de se tromper soi-même. Et puis même lorsque cela fonctionnait, le retour à la réalité empirait les choses.
Elle n’hésita pas, cela dit. « Mon fils. » dit-elle avec tendresse. S’il avait eu une femme, certainement qu’il comprendrait sa souffrance de perdre un enfant, sa chair et son sang. Puis, comme elle se sentait coupable que sa femme à lui soit morte et que son fils à elle soit vivant, elle ajouta dans un souffle : « Il n’est pas mort. » Cela sonnait comme une demande de pardon. Comme une excuse, parce qu’elle le trahissait, ne l’accompagnant pas jusqu’aux portes du deuil.

« Ils me l’ont pris, mais je sais qu’il est toujours là. Un jour, j’irai le chercher. » Demain, après-demain, un autre jour. Elle disait cela mais jamais elle n’osait. Cela ne trompait personne : elle avait peur, elle se trouvait des excuses et repoussait inévitablement le moment où elle irait vraiment. Pourtant, elle savait que plus elle tardait, moins elle y arriverait. Chaque jour qui les séparait, il s’éloignait un peu plus d’elle, et elle sombrait un peu plus dans la paranoïa et la solitude. Elle inspira profondément. Elle avait trop parlé et ses côtes lui faisaient un mal fou, mais elle avait décidé d’ignorer la douleur. A vrai dire, son rythme cardiaque s’était ralenti et, ainsi allongée sur le sol, on pouvait presque croire qu’elle reposait tranquillement. Son visage était serein ; elle était en paix avec elle-même. Elle brisa de nouveau le silence. « Qu’allons-nous devenir ? » Allaient-ils se laisser mourir ici ? Allaient-ils reprendre leur lutte acharnée ? Allaient-ils survivre, trouver la force d’avancer, encore ?

Allaient-ils, un jour, revoir ces êtres qui leur manquaient terriblement ?

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Plaine de Kurawar

Nous avions combattus dans un gouffre de haine sans fond, nous nous étions acharnés l’un contre l’autre dans une tristesse sous-estimée de chacun. Nous n’étions pas différents, nous étions trop semblables. J’étais vide de toutes émotions, regardant sans trop voir la femme au corps enfoncé dans la roche. Sa question était légitime. « Qu’allons-nous devenir… Des fantômes à la recherche du passé ? Je ne sais pas. Des ennemis dans la vie ? Des amis dans la mort ? » J’ouvrais la bouche pour répondre mais je n’avais rien à dire. J’étais épuisé. Je ne voulais plus la combattre et elle n’était plus en état de le faire non plus. C’était fini. Ni elle, ni moi n’avait à gagner à s’écharper dans une lutte sans sens. Nous nous étions révélés à l’autre. Je me relevais tant bien que mal, m’aidant de ma main droite, meurtrie étrangement. Les jointures de mes articulations craquèrent sous l’effort, m’arrachant un murmure de douleur. Les caresses venteuses s’acharnaient à panser mes blessures internes, psychologiques, toujours emportées dans un bain de violence. Je sentais pulser mon âme au rythme des flashes mentaux, me montrant sans cesse un visage tordu de douleur, un visage dénué de vie. Je grimaçais. Nous formions un tableau pitoyable ; deux êtres abattus par les souvenirs du temps, battus par nos armes. Elle, abandonnée. Moi, trompé par la vie. Elle, maîtresse des illusions, revoyant sans cesse ses erreurs. Moi, maître d’une guerre vieillissante, cherchant inlassablement des remembrances fuyantes. Finalement, je réussis à parler, d’une voix enrouée, aux mélodies tristes.

« Nous ne sommes que deux pauvres êtres à la recherche d’un bonheur passé. Nous ne sommes pas ennemis. Retrouve-le, tant qu’il est encore temps. La vie est rapide et précieuse si quelqu’un nous accompagne. Elle devient pourtant si longue et morne si elle disparaît de notre vie. Retrouve-le, uzujin. »

Restant, là, debout face au monde, face à ma douleur, je regardais cette mère. Je la comprenais. Elle était incomplète, scarifiée, privée de son enfant, la chair de sa chair. Sa souffrance résonnait avec la mienne fortement ; je ne pouvais, alors, transgresser la confiance tacite offerte à l’autre. Je m’éloignais, lentement, puisant dans mes dernières ressources. Je savais qu’on se reverrait un jour.

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Myōshin Junko
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Junko le regarda s’éloigner, silencieuse, jusqu’à ce qu’il disparaisse derrière le paysage ravagé. Longtemps, elle resta allongée, immobile, à fixer le point derrière lequel il avait disparu. Le froid avait fini par s’immiscer jusque dans ses os, la faisant frissonner à intervalles réguliers. Mais elle ne parvenait pas à détacher son regard de cet endroit, le dernier endroit où elle l’avait vu, la dernière image qu’elle avait de lui, allant jusqu’à se faire violence pour ne pas battre des paupières. Cette image, c’était tout ce qui lui restait de leur rencontre – ça, et ses blessures effroyables, mais elle savait que celles-ci finiraient par guérir, avec le temps. Elle n’avait pas eu l’occasion de lui demander son nom ; cela pouvait paraître stupide, mais alors que l’esprit pouvait altérer les souvenirs des sens, elle savait que sa mémoire ne lui ferait pas défaut. Son nom aurait été une façon de conserver intact l’évocation de leur confrontation. Puis, comme ses yeux la piquaient terriblement et que des larmes avaient fini par les emplir tout à fait, elle se résolut à abandonner. Rejetant sa tête vers l’arrière, elle ferma doucement les yeux. Et tandis qu’elle se remémorait les mots de son ennemi, elle murmura doucement. « Merci. » Il lui avait redonné espoir.

Il lui fallut encore de longues minutes – quelques heures, peut-être – avant de trouver la force de se trainer hors du champ de bataille. Elle était faible, et respirait difficilement ; elle n’aurait su dire quelles parties de son corps étaient encore en place, et lesquelles s’étaient brisées. Mais elle se savait une proie facile, dans un environnement étranger et il lui fallait quitter les lieux – ou au moins s’éloigner. Fort heureusement, l’endroit était désert. Le hasard les avait fait rencontrer, au milieu de nulle part. Elle songea qu’elle avait été chanceuse. Si son chemin avait dévié un peu plus haut, si son trajet avait été un peu plus long, ils se seraient croisés sans jamais se voir. Alors, elle n’aurait jamais réalisé son attachement à la vie. Et elle n’aurait jamais été aussi proche que maintenant d'aller retrouver son fils.

La nuit tombait. La dame s’était trouvé un endroit paisible, à l’abri d’un bosquet. Appuyée contre un tronc, elle regardait les astres faire leur vie, avec une appréhension grandissante. Déjà, il lui semblait que les traits du vieil homme s’effaçaient de sa mémoire. La fatigue l’étreignait, la nuit l’effrayait. Elle était seule, de nouveau…

Mais cette nuit-là, tandis qu’elle employait ses dernières forces à se plonger dans une illusion salvatrice – pour s’épargner les visions troublantes de ses cauchemars –, son fils serait à ses côtés.

Ils s’endormiraient, côte à côte, dans une étreinte maternelle.

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