Besoin d'un rafraîchissement [PV Kudo Tsume]

C'était quoi? La début d'après-midi à peu près et déjà je pouvais dire que j'avais une poisse monumentale. Après une longue route, à travers le Sekai, j'étais enfin arrivée dans la région frontalière de l'Isthme. Cela signifiait que je n'étais pas loin de la "maison" mais j'avouais que j'avais encore envie de profiter un peu du climat. Pour cette raison et parce que je pensais ne pas prendre trop de risque, j'avais renvoyé Buntaro, mon camarade, rentrer au domaine pour avertir que j'arriverais quelques jours après. Bien évidemment, l'idée ne lui avait pas plus mais il savait pertinemment que je savais me défendre et comme j'étais techniquement sa "supérieure", la discussion avait tourné court. J'estimais que j'avais besoin d'un peu de temps pour moi avant de me replonger à nouveau dans les affaires politiciennes du clan. Du coup.... je voulais passer au source chaude.

J'y aurais pu y être à cette heure précise mais il ne m'était arrivé que des couacs en chemin. Cela avait commencé par l'auberge dans laquelle j'avais dormi. Un calvaire. Cela ne cessait de crier dans la chambre voisine pour des brouilles et la chaleur ne me permettait pas de me mettre le coussin sur les oreilles pour ne pas les écouter. Quant au petit déjeuner, il avait été infect au possible. Je préférais encore sucer des racines plutôt que de devoir manger une seule fois encore l'horrible chose que l'on m'avait servi. Le pire? C'était que j'étais restée le plus possible de marbre alors que j'avais toutes les raisons de m'emporter. Je détestais me retrouver à sourire bêtement mais au moins, cela m'entraînait... pour les fois où je serais confrontée à devoir entendre des imbécilités à des réunions ou autre rendez-vous plus diplomatiques. Restez maîtresse de soi. Je crois que c'était la leçon la plus difficile que j'étais amenée à apprendre.

Le pompon fut atteint quand je m'étais arrêtée pour manger un ramen dans un hameau que je traversais. J'étais tombée sur un commerce itinérant et je trouvais un tabouret de libre sans difficulté sous son voile d'ombrage. Là, il n'y avait rien à dire sur la qualité du repas, ou bien sur la compagnie du cuisinier, il avait été tout simplement délicieux mais comme les ennuis s'enchaînaient.... Un petit garçon qui s'amusait dans la rue manqua son lancée de balle. Comme de part hasard, c'était au moment où je buvais le bouillon avec délice que je me pris l'objet dans le dos. Un sursaut et hop! Je m'étais renversée le tout sur ma veste.

Heureusement que c'était une journée pour moi et que j'espérais tranquille...

Le marchand m'avait proposé de donner un coup sur ma veste mais je lui fis comprendre que c'était inutile. Pourquoi? Parce qu'il aurait fallu que j’enlevai mon blouson et que je ne désirais pas que l'on perçoit les cicatrices sur mes bras. C'était foncièrement ridicule de ma part, surtout que lorsque je combattais, je ne me posais jamais de question à ce sujet mais là... en tant que citoyenne normale, je ne pouvais pas m'empêcher de complexer. Et j'avoue que je ne voulais pas non plus que l'on me posa de question.

Du coup, je le payais et je m'en allai très vite.... mais j'avais l'air particulière fine et maline avec l'énorme tâche sur ma poitrine.

" Mmmm... je vais pas pouvoir me présenter comme ça dans les termes! Journée infernale! Et c'est quoi cette satanée chaleur! "

Avec le temps, je m'étais tellement acclimatée au froid de l'Isthme que j'avais presque du mal à supporter l'été. M'enfin, mon soucis premier était de trouvé un coin d'eau où je pourrais me débarbouiller parce que mine de rien, vu la nuit que j'avais passé, j'avais besoin d'un petit coup de fouet. Un beau coup d'eau froide serait plus qu'appréciée. Et enfin! Oui enfin la délivrance arriva pendant mes pérégrinations dans la zone forestière où je trouvais une superbe petite clairière.

" Bénis soit les dieux! "

Je retirais rapidement ma veste et me retrouva en débardeur aussi noir que tout le reste des tissus que je portais. D'un pas soulagée, je me dirigeais vers le point d'eau du coin et me mouilla le visage.

" Délivrance. "

Puis tout aussi vite, je me mis à la tâche de nettoyer la fameuse tâche. Enfin... si j'en avais l'occasion...

J'étais assise auprès de l'eau à tenter de frotter frénétiquement la tâche de ma veste quand brutalement, j'eus un sursaut quand je vis débarquer un jeune homme, habillé et trempé. J'étais tellement endormie par la chaleur que je m'étais montrée d'une imprudence qui me faisait honte. Mais bien évidemment, je devais faire bonne figure.... bien que la remarque de l'inconnu me mettait à l'épreuve.

" Pardon? "

Autant vous dire que mes yeux écarlates se posèrent sur lui avec beaucoup de suspicion, et je ne parlais même pas du ton qui était le mien.

" Me déshabiller? Vous pensez réellement que ce genre de plan fonctionne avec les femmes? Veuillez m'excuser mais je ne suis pas une personne de petite vertu. "

Je fronçais les sourcils, et si la chaleur n'avait pas déjà rougi mon teint, je pense qu'il aurait été visible de noter que je n'avais pas apprécié l'idée que l'on puisse imaginer que j'étais une sorte de "marie-couche-toi-là". Alors qu'il s'était assis, je lui tournais un peu plus le dos tout en frottant la tâche de ma veste - parce que je ne voulais pas qu'il s'attache à observer les cicatrices multiples de mes bras, j'avais toujours cela en horreur. Et puis, je n'aimais pas trop la façon dont il me regardait fixement. C'était... gênant.

Plus il parlait, plus je m'acharnais à frotter ma veste.... tout en écoutant les choses étranges qu'il balançait pour faire la conversation. D'ailleurs, je ne pouvais m'empêcher de secouer la tête tellement cela manquait de sens. Voler un yukata? Il était sérieux? Je posais subitement ma veste pour me tourner vers lui et le regarder bien en face. Les sourcils froncés bien entendu.

" Je.... Vous n'arrêtez donc jamais de parler? Si je voulais porter un yukata, j'aurais eu l'honnêteté d'en acheter un auprès d'un commerçant comme n'importe quel femme. Je ne vole pas mon cher monsieur. Quant à ma veste, il y a eu un accident et j'essaie de faire partie la tâche qui s'y trouve. Et si je veux me rafraîchir, je pense ne pas avoir besoin d'assistance pour cela. Et visiblement, vous non plus. "

Je le regardais de haut en bas. Il était toujours habillé et trempé jusqu'aux os.

" Et si je vous ai interrompu pendant votre baignade... j'en suis désolée. Donnez moi juste le temps de faire partir la tâche de ma veste, et je vous laisserais tranquille. "

Bizarrement, le ton de ma voix s'était un peu radouci sur la fin. Je venais de me rendre compte que je l'avais littéralement gronder alors que finalement, il était peut-être juste... maladroit. Pourquoi je m'étais aussi rapidement emportée? C'était presque comme avec Buntaro et à la fois assez différent.

" Pourquoi avoir sauté dans l'eau tout habillé? Vous allez devoir attendre un moment avant d'être sec. Ce n'est pas très prudent de votre part. "

Je ne le regardais plus lorsque je le questionnais à mon tour. Son regard était assez perturbant et je ne voulais pas qu'il se fasse des idées. Je me battais toujours avec ma lessive.

Ma question aurait pu paraître simple, mais sa réponse... une logique contre laquelle je ne pus lutter  et je m'en sentis un peu bête. Il était certain que si je l'avais vu sortir nu, je serais partie sans demander mon reste. Mais je ne pouvais m'empêcher de trouver ce garçon étrange, il ne semblait pas manquer de confiance en lui, ni même de pudeur. Et alors que je m'étais un peu écarté de lui, voilà qu'il se rapprochait de nouveau. Là, il me questionna sur la nature de la tâche de ma veste et bizarrement, je fus étonnée une nouvelle fois de le voir s'y intéresser.

" La tâche? Ha, non. Il s'agit simplement d'une tâche de bouillon de ramen. Un incident bête. Mais je ne voulais pas me balader avec ça en plein milieu de la poitrine. "

Sa remarque sur le sang? Je l'avais bien évidemment noté mais cela ne me choquait pas outre mesure sachant que dans le domaine, je devais forcément être pire que lui. J'étais d'ailleurs tellement familière avec ce fait que j'aurais très bien pu lui donner mes propres méthodes de nettoyage. J'aurais pu... si je ne l'avais pas vu reluquer les cicatrices de mes bras.

Par instinct, lâchant ma veste, j'essayais de les cacher avec mes mains alors que lui semblait en être admiratif. Cela le rendait encore plus bizarre à mes yeux mais il n'y avait pas de moquerie dans le ton de sa voix, ni même son regard. Je n'en demeurais pas moins méfiante alors que mes joues rosirent légèrement face à son compliment.

" Je... je ne les aime pas particulièrement. Je les trouve plutôt disgracieuses. "

Je tentais toujours de les dissimuler maladroitement alors que brutalement, il m'exhiba sa peau et des tatouages comme on aurait pu ouvrir un livre. Décidément, il était plutôt du genre impudique... mais il ne paraissait pas méchant, juste bizarre. Mon regard écarlate se posa alors sur l'encre de son épiderme qui se mouvait avec une certaine magie et je me surpris à trouver cela assez beau. Hypnotique même puisque sans trop m'en rendre compte, je m'étais naturellement rapprochée pour observer le phénomène. C'était la première fois que je voyais quelque chose comme ça. J'avais envie de toucher mais c'était complètement déplacée... et cela serait forcément mal interprêté.

Je connaissais quelques shinobis qui pratiquait les arts des sceaux mais jamais de cette façon... enfin, si c'était quelque chose de cette nature.

" Elles vous... fascinent? Vraiment? Généralement, les gens trouvent cela plutôt déplaisant... surtout chez une femme. Moi-même je n'aime pas les miennes. "

Le regard que je lui adressais était un peu incrédule. J'avais du mal à imaginer que ces marques là, surtout les miennes, pouvaient être d'une quelconque élégance. C'est avec un peu de gêne que je commençais à retirer mes mains et regarder mes avant-bras avec un peu de peine. Leurs histoires? Je serais incapable de les citer car elles étaient nées toutes d'une même volonté : me battre, me défendre, être une Chinoike. Il n'y avait aucune gloire, aucun fait d'armes notables, ni même une bataille que je pourrais légitimement énumérée. Sauf une. Celle qui faillit me coûter la vie.

" Il n'y a pas grand chose à dire. La majorité de ces marques sont de mon fait. "

Et puis, je ne sais pas ce qu'il me prit, peut-être à cause de l'élan de notre conversation ou bien parce que lui-même m'exposait ses blessures, j'en oubliais que je ne le connaissais pas et je soulevais légèrement le bas de mon débardeur pour lui montrer la marque de la lame qui m'avait traversé au niveau de mon ventre, près des côtes.

" Pas celle-là. Je n'avais que huit ans. "

Je rabaissais immédiatement le vêtement. Le souvenir était assez douloureux et peut-être que mon regard trahissait que mon émotion en était encore assez vive.

" En tout cas, vos tatouages... ils sont... beaux. On dirait qu'ils sont vivants. C'est la première fois que je vois cela. Vous venez d'où? "

Je voulais partir sur un autre sujet que moi et mes yeux se posèrent encore sur les dessins mouvants. J'en oubliais complètement la tâche initiale.

Alors il était du village d'Uzu? Cela changeait un peu la donne pour moi, en tant qu'indépendante et intendante des miens, je ne pouvais pas me mettre bêtement à dos un shinobi appartement à une nation qui avait cette renommée mais surtout cette puissance ninja. De plus, à l'écouter, l'art qui était le sien était d'ordre génétique? Je n'avais jamais entendu parlé d'un clan capable d'une telle chose... mais n'était-ce pas un peu pareil avec le mien? Plus personne ne parlait des Chinoike, on était presque une légende oublié. Si c'était son cas? Bizarrement, alors que mes yeux se posèrent une nouvelle fois sur les marques de son torse, c'était à mon tour de me poser des questions et de me retrouver fascinée. Je dirais même que je ne le regardais plus trop de la même manière alors que lui continuait à sourire.

Moi, je ne souriais pas. Je ne m'en sentais pas capable à cet instant alors que lui rayonnait en parlant de chose qui me faisait honte. Il avait un tel détachement, et un tel gouffre entre l'expression de son visage et la réalité de notre conversation. Alors je l'écoutais sans rien dire, sans l'interrompre dans son raisonnement et je m'interrogeais en ne détachant pas mon regard de lui - sans trop m'en rendre compte d'ailleurs, ce n'étais pas dans mes habitudes. Je crois que j'essayais de m'inventer sa vie... mais je fus brutalement couper de mes songes quand il me posa LA question dérangeante sans mesure. La question sur laquelle en réalité je ne désirais pas m'étaler. Mais j'étais trop bête. C'était ma faute. Qu'est-ce qui m'avait pris de la lui montrer? C'était comme tendre le bâton pour se faire battre. Je me comportais comme une véritable idiote.

Mais lui me surprit une nouvelle fois. Il avait à peine regarder ma cicatrice qu'il avait déjà déchiffré l'essentiel. A croire qu'il avait fait des études dans le domaine. Je n'eus pas le temps de trouver une feinte qu'il enchaina rapidement pour parler des siennes puis de me demander d'où je venais. Pire, il voulait en savoir plus sur moi, toujours en me regardant avec ces grands yeux! Il avait de jolis yeux cet imbécile. Il me rappelait quelqu'un... Qu'est-ce que je racontais bon sang!

" Je viens de l'Isthme de gel, le genre d'endroit où on ne porte jamais de Yukata mais plutôt de la fourrure... Mais je ne veux pas non plus que tu te mettes à voler une veste en fourrure. "

J'essayais de sourire un peu, tout en préférant prendre les devants sur l'éventuelle idée qu'il pourrait me proposer de chiper quoique se soit d'autres.

" Sinon... je m'appelle Etsu. "

Je lui tendis la main pour la lui serrer. Un peu formel, mais j'avais toujours été comme cela. Question d'éducation.

" Et j'ai aussi un don... que je dois à la génétique. Puisque tu m'as montré ce dont tu es capable... voici un petit aperçu. "

Lentement, je me retournais en direction de ma veste et me saisis d'un kunaï. Là, je me piquais le bout du doigt et tendit la main pour faire perler une goutte de sang. Quand le liquide rouge apparût en quantité suffisante, je fis un geste de la main, comme si je balayais l'air et mon sang forma un fin projectile qui se durcit. Il partit rapidement se ficher dans un arbre en face de nous.

" C'est la raison des marques de mes bras. Je suis obligée de me blesser pour me défendre. Ironique, non? "

Mon ton était plutôt cynique alors que je regardais mon doigt saigner encore un peu.

" C'est aussi pour cela que l'on a.... que l'on ne se montre pas beaucoup. Enfin, on est plutôt discret. "

Je me rattrapais comme je pouvais et finalement j'amenais mon doigt à ma bouche pour suceauter ma plaie alors que je l'observais avec des yeux faussement innocents. Je ne le connaissais pas assez pour entrer dans les détails mais visiblement, il me laissait une porte ouverte pour que je le questionna.

" Du coup, tu dis que tes cicatrices... elles ont été faites parce que l'on t'a étudié? Tu as servi de cobaye à des gens malintentionnés? Cela a dû être assez horrible. "

Je posais sur lui mes yeux avec moins de froideur. Je n'osais pas trop imaginer ce qu'il avait enduré. C'était bien différent de ma situation mais être considéré comme une bête de foire, je trouvais cela inadmissible. Au moins, les Uchihas, pour ce que j'en sais, n'avaient pas joué avec nous comme un chat avec une souris. Non. Ils s'étaient simplement abattus sur nous, femmes, vieillards, enfants... avec une frappe directe. Sans hésitation. Comme la lame qui m'avait traversé.

Technique utilisée:

Tsume. Voilà donc le prénom de cet étrange garçon. C'était drôle d'imaginer que son nom signifiait "griffe", ou plutôt assez cocasse puisqu'il paraissait aimer les marques. Cela m'échappait complètement le fait qu'il puisse y trouver une beauté quelconque, bien que sur le fond, je ne trouvais pas cela forcément disgracieux chez les autres, j'étais surtout d'une grande sévérité envers moi-même. En y réfléchissant, cela faisait encore plus bizarre quand on savait que mon nom à moi voulait dire "plaisir". Une drôle d'ironie... que je n'allais pas lui dévoiler de peur qu'il vienne à s'emballer une nouvelle fois. Parce qu'il n'y avait pas à dire, je n'avais jamais vu un homme aussi enthousiaste à propos... de douleur.

C'était bien ma vaine. J'étais tombée sur un véritable masochiste et moi j'étais d'un clan qui se saignait littéralement... les veines. Par contre, lui, quand je l'écoutais, son histoire me paraissait bien horrible en bien des sens mais lui, il ne bronchait pas. Je plongeais mon regard dans le sien, peut-être à la recherche d'un éventuel mensonge ou bien d'une émotion en accord avec les horreurs de son enfance mais... rien. Il me racontait les choses comme si c'était d'une normalité évidente. Il devait être fou. Ce ne serait pas le premier dingue que je croisais.

" Je dois t'avouer... que j'ai un peu de mal à comprendre. Ce que tu me racontes me parait horrible. Être dans une cage comme un animal, subir des expériences bizarres... tu as du beaucoup souffrir mais toi... toi tu gardes le sourire. Tu... te rends compte que ce n'est pas commun, n'est-ce pas? Que l'on enferme pas les enfants dans une cage? "

Je penchais un peu ma tête sur le côté, l'observant de mes grands yeux un peu désolés à vrai dire. C'était curieux mais je trouvais qu'il y avait une sorte... d’innocence en lui que je ne saurais expliquer. Peut-être que ce n'était pas le bon mot, mais il y avait quelque chose. Inutile pour moi de m'interroger plus longtemps, Tsume enchaîna dans son interrogatoire.

" Tu poses toujours autant de questions quand tu croises une inconnue? "

J'écarquillais mes yeux en grand et rien ne semblait faire redescendre son enthousiasme. Et voilà qu'il osa me toucher! Il me prit la main! Il n'avait peur de rien celui-là! Se rendait-il compte qu'il approchait aussi familièrement l'intendante des Chinoike? Bien entendu que non. Parce que l'imbécile que j'étais ne l'avait pas signifié. Partir brutalement? Mais cela serait indigne de moi! Fuir? Jamais!

Je me permet de délicatement prendre sa main à mon tour... mais pour la lui rendre et la poser sur ses propres genoux. Aussitôt, je cessai de le regarder dans les yeux et détournai mon regard pour observer l'eau dans laquelle il s'était baigné plus tôt. Après tout, il était assis à côté de moi... très proche d'ailleurs, trop peut-être.... et torse-nu. C'était assez indécent et moi, quelques instants plus tôt, j'avais mis littéralement mon nez sur ses tatouages. Rien que d'y repenser j'en rougissais encore.

" On ne peut pas contrôler le sang de nos adversaires, seulement le nôtre. Et même si c'était possible, je n'exploiterais pas mes compagnons. Je ne vois pas pourquoi je voudrais faire souffrir des personnes qui me soutiennent ou que j'apprécie. Bien au contraire, je voudrais les protéger du moindre mal. "

Je savais pertinemment que cela était impossible et je ne m'attendais pas à ce que Tsume le comprit étant donné sa manière de voir les choses.

" Je n'aime pas voir les autres souffrir. Je n'aime pas voir les autres pleurer. Je veux seulement que les miens soient heureux et qu'ils retrouvent leur dignité. Et si nous nous cachons, ce n'est pas parce que nous le voulons, mais parce que nous n'avons pas le choix.... pour le moment. "

Mon regard écarlate semblait se perdre dans mes souvenirs, et je sentais en moi toute ma colère remonter. Notre exil, notre souffrance. Non. Les Chinoike ne tiraient aucun plaisir de tout ceci. Ce fut avec un peu de dureté que je tournai ma tête dans sa direction, fronçant des sourcils.

" Cesse donc de prétendre que je suis une beauté avec autant de légèreté. A combien de femmes dois-tu faire ce genre de compliment? Je ne suis pas... frivole. Ni une de ces midinettes à qui tu dois sans doute baratiner. "

Je rougis bêtement une nouvelle fois et me détourna aussitôt afin qu'il ne le remarqua pas trop.

" Le froid, on s'y habitue. C'est dur quand on est une enfant un peu perdue et c'est assez traitre. Mais avec le temps, on finit par s'y faire. Cela anesthésie la douleur. Je suppose que tu n'aimerais pas ça. "

Brusquement, je me tournai vers Tsume une nouvelle fois mais avec un air plus décidé.

" Cela fait plusieurs fois que tu dis que tu souhaites en savoir plus sur moi. Pourquoi? Des femmes, tu dois en croiser à la pelle, y compris dans ton village, non? Tu... tu es un collecteur d'informations pour les tiens? "

Je me montrais plus suspicieuse d'un coup. Il était peut-être temps, non? S'il fallait, tout ça n'était qu'un jeu de sa part et il espérait être tombé sur une nigaude de bas étage. J'avais toujours évolué dans un monde où il fallait se méfier de tout, comme tout shinobi.

Ce garçon était véritablement déconcertant pour moi. J'avais bien du mal à le cerner. Tout en lui devrait m'inspirer légitimement de la méfiance et cela ne serait que raison. Pourtant... je me surprenais à le plaindre ou plutôt, j'étais prêtre à reconnaître que sa présence ne m'était pas aussi insupportable qu'elle le devrait. C'était comme avec Buntaro mais pas tout à fait la même chose non plus. Lui, j'avais eu des années pour apprendre à la supporter et notre relation était peu commune. Mais Tsume, je venais à peine de le rencontrer et j'étais sincèrement en train de me demander dans quel bourbier je venais de mettre les pieds.... sans pour autant avoir envie de bouger de ma place assise.

" Tes parents t'ont vendu? "

Mes yeux s'écarquillèrent de surprise. Je n'ignorais pas les choses horribles qui se produisaient par le monde. La revente d'enfants? Cela existait depuis que les ryos avaient plus d'importance que la vie elle-même. D'ailleurs, des gosses pouvaient plus mal finir que devenir un shinobi... mais tout de même, enfermer dans une cage et servir de cobaye?

" Je suis désolée. Je ne voulais pas te remémorer des souvenirs de cette nature. "

Ce n'était pas très adroit de ma part... et puis après tout, je n'avais pas le droit de juger. Mon regard s'était radoucie pour montrer la sincérité de mes propos.... jusqu'à ce que mon naturel caractère de cochon revienne à la surface. J'avais du mal à accepter que l'on me fit des compliments aussi superficiels que ceux de la beauté et peut-être que c'était pire pour moi de me rendre compte que j'y étais stupidement sensible en une façon. Qui n'aimerait pas que l'on vienne à lui dire qu'il était plaisant? Cependant, je ne voulais pas me laisser amadouer par ce genre de vanité.

Voilà qu'il se leva brusquement et s'agita dans tous les sens, comme s'il voulait m'empêcher de partir on-ne-sait-où alors que je n'avais pas bougé d'un poil. J'étais toujours agenouillée près du point d'eau mais l'expression de mon visage semblait prisonnier à la fois par un sentiment de profonde consternation face aux arguments farfelus qui me sortit et de fascination face à toute l'énergie qu'il déployait pour ne pas que je vins à avoir une.... mauvaise opinion? C'était ce que je supposais.... mais plus il parlait, plus il s'enfonçait.

" Donc... tu es en train de m'avouer que je suis en compagnie d'un homme obsédé, porté sur l'alcool, peu sérieux, capable d'avoir des aventures avec n'importe qui, le tout avec une évidente régularité.... et cela est censé me rassurer? "

Pardon. Il avait dit honnête aussi. J'avais oublié le honnête. J'affichais une expression un peu blasée face à ma propre énumération des traits du personnage. Au moins, on ne pouvait pas dire qu'il se mettait particulièrement en avant, hormis son apparente franchise et le fait qu'il soit plaisant à regarder. D'ailleurs, je ne comptais pas lui confirmer ce dernier point parce que mon honnêteté à moi, à coup sûr, je le paierais d'une drôle de façon. Tsume semblait être beaucoup trop imprévisible et je ne tenais pas à ce qu'il... qu'il fasse quoi? J'eus une pensée qui me fit rougir et que je chassa très rapidement de mon esprit. A quoi me faisait-il réfléchir cet imbécile!!

En tout cas, il ne s'arrêta pas dans ses explications, allant toujours de plus en plus loin dans les confidences que j'aurais peut-être préféré ignorer. Maintenant, si je devais croiser une femme venant d'Uzu, je ne pourrais cesser de me dire : "est-ce qu'elle a fricoté avec Tsume? ". Non pas que j'en avais quelque chose à faire - je ne voulais pas en avoir quelque chose à faire... - mais à l'évidence, maintenant, je ne pourrais pas m'empêcher d'y penser. Par contre, l'argument "j'aurais pu coucher avec toutes mais elles ne sont pas toi", c'était osé. Il fallait oser. Il l'avait fait. Mon regard était encore plus blasé qu'il y avait quelques minutes.

" Je ne suis pas certaine que ces arguments jouent en ta faveur. Et puis, tu es libre de faire ce que tu veux avec qui tu veux. Nous venons de nous rencontrer, tu ne me dois aucune explication. "

D'ailleurs, je commençais à me questionner de plus en plus sur le sujet parce qu'il n'arrêtait pas de répéter le mot "coucher". C'était visiblement un homme facile! Alors que moi... moi je ne possédais pas ce genre d'expérience et cela me mettait plutôt mal à l'aise à vrai dire. Pas le temps pour ces cochonneries!

Mais Tsume me surprit une nouvelle fois. Plus d'explications farfelues, mais une attitude déraisonnable. Il se saisit du bandeau de son village et le rejeta sur le côté avec une désinvolture qui aurait pu lui valoir beaucoup auprès des siens. Là, il enchaîna des mudras et par instinct, je reculais et me mit sur la défensive. Il ne fit cependant aucune attaque, il se vida littéralement de presque tout son chakra. Je n'en revenais pas.

Lorsqu'il tomba à genoux, par instinct également, je m'étais rapprochée de lui pour le soutenir mais... je m'arrêtai quand je vis ces tatouages bouger à nouveau. Et puis, il était toujours torse nu. Je n'osais pas le toucher... mais je restais assise à côté de lui, les sourcils froncés, bizarrement en colère.

" Tu es fou. Complètement fou. Et si j'avais de mauvaises intentions? Et si je n'attendais qu'une occasion pour t'avoir? Tu te rends compte que tu gaspillerais ta vie pour rien? Il me serait facile de te tuer maintenant que tu es sans défense! "

Je soupirais, secouant la tête légèrement désespérée. Mais lui continuait à sourire.

" Tu es bizarre. Je ne saisis pas trop...  je ne saisis pas ce que tu attends de moi. Par contre, il faudrait que tu apprennes à ne pas être aussi déraisonnable. Même si tu n'as pas l'air d'accorder beaucoup d'importance à ta vie, tu ne devrais pas jouer avec elle comme tu le fais. "

Mon visage reprit une expression un peu plus sereine.

" Et puis s'il devait t'arriver malheur parce que tu as agis bêtement, tu vas briser le cœur de toutes les femmes d'Uzu. "

J'essayais d'afficher un petit sourire.

" Si tu cesses de faire l'idiot, je veux bien répondre à quelques unes de tes questions. "

Malgré l'attitude légère de Tsume, je n'en demeurais pas moins prudente et j'écoutais avec attention chacun de ses mots. Bien que je ne fis aucune remarque sur le sujet, je relevai qu'il m'avait précisé qu'il pouvait être dangereux et bizarrement, je le croyais. Certes, il se montrait souriant et mielleux avec moi à cet instant précis mais quand il me montra ce dont il était capable, ne serait-ce qu'avec son encre, son art semblait assez stupéfiant pour que l'on s'en méfiât.

" De l'encre empoisonné? Ton art est redoutable. Par contre, je tiens à te rassurer, tu es peut-être affaiblis, mais je ne suis pas le genre de femme qui va profiter de ton état pour te... toucher. "

Je préférais que cela soit clair. Je le connaissais à peine. Je n'allais pas le tripoter quand même ou bien le laisser imaginer que j'allais le faire. Bon... peut-être que je devenais un peu paranoïaque...

Abandonnant ce sujet, je l'autorisai à me poser les questions qu'il voulait en échange d'un comportement un peu moins dingue. Je l'écoutais donc, ne le quittant pas des yeux et le regardant s'étaler négligemment sur le sol. A l'entendre, tout paraissait si simple. On dirait que tout glissait sur lui et ne l'atteignait pas. Que ce soit son histoire avec ses parents, son enfance, ses tortures, ses beuveries et toutes ces folies. Je n'avais vraiment pas l'impression de vivre dans le même monde que lui.

" Un artiste, hein? Je comprend un peu mieux ta fantaisie alors. "

Ou peut-être était-ce aussi parce qu'il avait été privé de tout et qu'il voulait tout rattraper trop vite. Mais je n'étais pas là pour faire l'état de sa psyché. Par contre, je me mis à réfléchir un peu plus sérieusement à ces questions.

" Profiter de la vie... je suppose que je n'arriverais pas à le faire de la même façon que toi. J'ai... des responsabilités qui sont plus importantes et qui vont au-delà de mes désirs. Et puis mes désirs découlent aussi du poids de mes responsabilités. "

Je crois. Tout s'entremêlait en réalité. Je voulais ma revanche sur le monde. Je voulais la justice. Je voulais la vérité et que l'honneur des miens soit lavé. Je voulais retourner chez moi, là où j'avais grandi, là où ma famille était tombée et là où je pourrais leur donner une tombe descente. Je voulais revoir les paysages de mon enfance, son soleil, ses pluies, ses nuages orageux.

Soudainement, c'était à mon tour de me laisser tomber en arrière. Mes yeux rouges tournés vers le ciel, mes cheveux se mélangeaient à l'herbe humide de la rive de ce petit point d'eau rafraîchissant.

" Je n'ai pas vraiment de passe-temps. Je suis toujours en train de courir à droite ou à gauche. Sauf aujourd'hui. Je voulais me rendre au source chaude pour essayer de me détendre un peu, découvrir aussi les environs. Principalement pour me changer les idées avant de retourner dans l'isthme. "

Quand je n'essayais pas de faire de la politique politicienne, je passais généralement mes heures de libre à voir si mon clan ne manquait de rien, ou bien de la paperasse. Je m'entrainais aussi. Au lancer de kunaïs. Est-ce que l'on pouvait considérer cela comme un passe-temps?

" J'aime bien les fleurs. Les oiseaux aussi. Mais on ne peut pas dire qu'il y en est beaucoup chez moi. Les tempêtes de neige ne sont pas rares du coup, je passe beaucoup de temps enfermée. Il m'arrive de jouer aux échecs. Rien de bien... passionnant. Je suis une fille assez ennuyeuse en réalité. "

Travail. Travail. Travail. Je ne connaissais que ces mots là parce que je n'avais donné mon temps que pour servir mes ambitions. Buntaro me répétait sans cesse qu'il fallait que je me déconnecte un peu le cerveau, que je fasse quelque chose de différents pour ne pas sombrer mais je n'y arrivais pas. J'avais toujours l'impression de m'égarer si je me détournais de la route que je m'étais fixée, que c'était une faute que je paierais. Je ne voulais pas échouer. Pas en me montrant futile. Du coup, je passais mes journées le nez dans des rapports divers.

" Tu dois être déçu du coup. "

Je n'étais pas capable d'oublier que j'étais une Chinoike et que j'avais un devoir envers ceux qui étaient tombés.

" Je me dénigre? "

J'écarquillais le regard face à sa remarque. Je ne voyais pas les choses de cette façon Pour moi, je ne faisais qu'énumérer un fait. Et si je me pensais ennuyeuse, c'était principalement par comparaison avec la vie qu'il menait lui. A l'écouter, il courrait partout, s'amusait, buvait, profiter de tous les plaisirs comme il semblait l'avoir déclaré. Moi, je menais une existence de quasi ermite à gérer de la paperasse et me soucier du bien être de mon clan en m'assurant qu'il ne manquait de rien. Du coup, cela signifiait : pas de sortie, pas de jeu, pas de rencontre de nature autre qu'intéressée d'un point de vue économique ou militaire, pas d'alcool - ou très peu. Je n'étais pas une "rigolote".

En attendant, je l'écoutais exposer son point de vue. Il me connaissait à peine et il s'était dépeint une étrange image de moi. Déjà, je ne me voyais pas une comme femme de pouvoir... parce que je n'en avais pas encore. Je n'étais qu'intendante mais j'avais de l'ambition, je ne le nierais pas. Mais je n'avais pas non plus l'impression de pouvoir faire véritablement tout ce que je voulais. Je demeurais enchainer à mon devoir mais je n'étais pas certaine de pouvoir le lui faire comprendre. Cela lui serait totalement abstrait et incompréhensible. Il avait la tête à être le genre de personne à vous sortir quelque chose comme " je ne saisis pas ce qui t'en empêche " ou bien un "tu te mets toi-même des barrières". Finalement un peu comme Buntaro... mais différent.

" Mmmm... je ne dirais pas les choses ainsi. Mais si c'est comme cela que tu me voies, si c'est l'impression que je donne... je dirais tant mieux. "

J'avais appris à conserver mon sang-froid en fonction des situations, je devais être capable de ne pas me laisser surprendre par mes sentiments, bons ou mauvais. Cela reviendrait à laisser deviner mon jeu et ne me laisserait que peu de marges de négociations dans un entretien. C'était se laisser bouffer par les autres. Hors de questions de me faire prendre par ce genre de faiblesse.

Mais voilà qu'il me proposa que l'on se revoit. Je ne m'y attendais pas à celle là et pour le coup, ma surprise se lut sur mon visage. Adieu mon self-control.

" Et bien... je... "

Il se mit à afficher un grand sourire en me précisant qu'il serait convenable. Comme si la question était là. Enfin oui aussi mais ce n'était pas ce qui aurait pu me gêner le plus.

" On apprend pas à jouer en un jour. Ce serait difficile. N'y a-t-il personne dans ton entourage qui pourrait t'en apprendre les règles? "

Ce n'était pas que je ne souhaitais pas lui apprendre, mais je n'en aurais clairement pas le temps et c'est sans compter toute la logistique. Et puis, comment pourrais-je justifier ce type de déplacement? Des rendez-vous? Hors de question. Cela ferait jaser. Puis dans la foulée, il commença à me proposer son aide pour des tâches subalternes. Là, je me redressais pour m'assoir et le regardait en fronçant les sourcils.

" Nous sommes tout à fait capable de mener ce genre de chose nous même. "

Peut-être que mon égo était un peu froissé... mais je me radoucie aussitôt car je savais - ou tout du moins je pensais commencer à le comprendre un petit peu -qu'il ne pensait pas à mal.

" Tu ne peux pas te montrer si désinvolte. Tu ne peux pas proposer ton aide de cette façon à un clan dont tu ne connais rien. Si nous étions reconnu comme dangereux pour Uzu, te rends-tu comptes dans quelle situation tu te trouverais? On pourrait t'accuser de traîtrise. "

Mon visage retrouva une expression un peu plus apaisée.

" Ta conduite est vraiment légère. Tu te vides de ton chakra devant moi, tu me montres avec une telle facilité tes capacités et leurs dangers, et voilà que maintenant, tu voudrais me tendre la main pour notre ravitaillement? Tu es... tu es... je n'ai même pas de terme pour te définir Tsume... vraiment. "

J'eus un petit sourire en coin.

" Je n'ose pas imaginer le genre de problème que tu dois amener à ton village si tu veux aider tout le monde de cette manière. "

Heureusement que nous n'avions pas ce genre de spécimen chez nous. Je l'aurais étripé de mes propres mains même si il était... gentil.

Trop de carnage? Qu'est-ce que cela signifiait? Je sourcillais à cette évocation car j'avais bizarrement du mal à l'imaginer violent bien que... il avait déployé devant moi une technique qui m'avait semblé assez puissante sans que je l'eus vue en action. Et puis ces tatouages.... il m'avait parlé de leur toxicité... Sauf que lorsque je posais mes yeux rouges sur lui, sur ses yeux bleus à lui et cet éternel sourire qui lui donnait des allures d'homme trop plein d'optimisme, j'avais du mal à le voir responsable de "carnage". Mais ne disait-on pas que l'habit ne faisait pas le moine?

Mais voilà que je me laissais attendrir. Ce n'était pas bon ça. Vraiment pas bon pour moi. Mais ce fut pire après. Lui dire non? C'était ce qui était le plus logique et le plus censé. Le décevoir? Bizarrement, ça me... ça me faisait quelque chose. Cela me gênait de le décevoir alors qu'il affichait une tête pareille. Est-ce que c'était une tentative pour me culpabiliser? Il était futé le gredin. Couper la conversation? Je le devrais encore une fois.... je le devrais....

" Non. "

J'étais une demeurée. Je me transformais en une demeurée parce que j'étais à côté... d'un demeuré. C'était ça. Forcément. Un phénomène mystérieux de contamination. Affreux.

" Je veux dire que je n'ai pas d'envie particulière de couper court à notre conversation. "

Enfonce-toi ma grande. Enfonce-toi dans ta bêtise.

" Je ne te rejettes pas Tsume. Enfin... je veux dire que ce n'est pas une question que je ne souhaite pas de revoir. Arf.... je ne sais pas comment t'expliquer. "

Je n'étais plus dans les sables mouvants, j'étais au fond du gouffre de ma stupidité.

" Pour ton aide, elle est très généreuse. Je te dis merci. Mais... je ne pourrais jamais justifier clairement auprès des miens d'où viendrait ma bonne fortune si tu me donnais un coup de main. Et ce, régulièrement en plus. "

On appelait ça une tentative de pirouette faussement politicienne. Foireux mais ça pouvait passer.

" Mais.... "

Tais-toi Etsu. Mords-toi la langue.

" ... on pourrait toujours se croiser quand je suis en permission. "

Je craignais.

" Si on a le temps, bien sûr. "

Crétine. Imbécile. Abrutie. Depuis quand je jouais les sociables avec un inconnu? Depuis quand je voulais approfondir n'importe quelle rencontre d'ailleurs qui n'avait rien avoir avec mon clan? Je n'étais pas le genre de femme à me faire des amis et ceux de toutes les sortes. Et lui là qui sort de nul part avec son grand sourire, il croit quoi? Qu'il peut révolutionner la grande Etsu? C'était impressionnant comme j'avais en ce moment une prédisposition en rencontrer des hommes si.... particuliers.

Je crois que le pire était que je sentais que je rougissais. Ce n'était pas moi ça. J'essayais de le rassurer lui ou me convaincre moi-même que je n'étais pas une femme monstrueusement aussi froide que l'isthme de gel?

" Tant que j'y pense.... au départ, je cherchais les sources chaudes. Tu ne aurais pas par hasard où elles se trouvent? "

Oui parce que, au départ, il était bon de se rappeler qu'il s'agissait là de ma destination. Me détendre aux sources chaudes. Là de suite, j'avais l'impression que ça me ferait un grand bien. Peut-être que je dirais également moins de stupidité une fois l'esprit décontracté.

" Tu pourrais m'accompagner si tu t'en sens la force. Vu la dépense de chakra que tu as faites, ça pourrait te faire du bien. "

Non là.... j'étais un peu trop décontractée. Misère.

Il souriait. Il souriait de toutes ses dents et il me regardait avec ses grands yeux bleus gênants. Avec ce regard qui me déconcertait. Ce mélange entre la naïveté et autre chose que je n'avais pas envie de définir. Je n'étais pourtant pas le genre de personne à m'émouvoir aussi facilement mais cette tête de pioche avait quelque chose d'attachant. Est-ce que je pourrais parler de magnétisme? Peut-être. Ou bien ce n'était dû qu'à toute l'étrangeté qu'il incarnait, cette vie qu'il m'avait brièvement décrite, cette attitude hors-norme. Mais je ne le voyais pas comme un phénomène de foire. Juste comme un type... singulier. Je suppose que c'était cette même singularité qui m'intriguait.

Il aurait le temps? Bah tiens! Je ne pouvais pas jouer les surprises, après tout, il m'avait avouer qu'il aimait trainer un peu partout. Je m'étais moi-même mis dans la mouise avec ma proposition. Quelle cruche! Qu'est-ce que je pourrais lui dire si je le retrouvais autre part? Hein? Bon sang! Mais à quoi pensais-je! La question n'était pas là que je projetais déjà l'hypothétique possibilité de le rencontrer à nouveau!! J'en connais un qui se moquerait bien de ma pomme.

Pour en revenir à la raison principale de ma venue, j'avais vu juste. Il savait visiblement où je pouvais trouver les sources chaudes. Par contre, je fus surprise par la rapidité de son enthousiasme. En moins de deux, il fut debout et me prit par la main pour me guider. Pas le temps de dire "ouf" ou bien même d'épousseter ma jupe pleine de poussière que je le suivais. Je n'avais même pas eu le temps de réaliser notre proximité soudaine, la chaleur de ses doigts sur les miens. Personne ne me touchait, à moins d'un combat. Personne ne se permettait cette familiarité. Les derniers étaient morts il y avait des années. La seule exception était Buntaro qui veillait sur moi. Et encore. Je n'avais pas eu le temps de protester ou de faire la moindre remarque à ce sujet qu'il me lâcha de lui-même et ralentit l'allure.

Mais il trouva le moyen de me surprendre d'une toute autre façon. De la gratitude? De ne pas le fuir? J'écarquillais les yeux d'étonnement. C'était à se demander si je ne faisais pas une erreur monumentale à le suivre. Si même lui me faisait la remarque que généralement on détalait à sa vue...

" Ah. "

Je gardais une expression assez étonnée sur le visage.

" Et bien... je ne sais pas si on peut parler de gentillesse mais si cela peut te rassurer, je ne suis pas le genre de personne à fuir si facilement. Dans ma famille, nous sommes plutôt des téméraires et des têtes brûlées. "

La seule fois où nous avions fui, c'était pour survivre. Mais pouvait-on vraiment parler de fuite? Je n'aimais pas ce terme parce qu'il avait une connotation que l'on associait à la lâcheté. Mon clan n'était pas lâche. Ceux qui nous avaient attaqué l'étaient.

" Est-ce que je peux te demander pourquoi les autres t'évitent? "

Encore une fois, cela m'intriguait. Est-ce que c'était à cause de ces tatouages? Ce serait un peu ridicule, non? Parce qu'il était trop bavard? Dans la vie quotidienne, je pourrais presque comprendre mais dans une mission? On abandonnait pas un compagnon à ce prétexte là. Il y avait donc forcément autre chose qu'il ne m'avait pas dit.

" Qu'importe de toutes façons. Je ne vais pas me dérober. Tu m'aides aujourd'hui, donc je devrais forcément te rendre la pareille un jour où l'autre. Je suis une femme de parole. "

Je continuais à me laisser guider mais je m'étais postée à ses côtés, les mains derrière le dos. Je n'étais pas une "suiveuse" donc hors de question de rester an arrière. C'était aussi ma façon de montrer qu'il ne m'effrayait pas et que je le considérais comme un égal. Ou que je le considérais tout court. Bon, il y avait aussi une toute petite affaire d'égo et ça, je le garderais pour moi. Une intendante, cela ne reste pas derrière!

" Tiens! Le chemin se dégage un peu plus. Je suppose que les sources ne sont plus trop loin. Je vais enfin pouvoir me baigner. "

Je ne sais pas pourquoi mais j'étais ravie. A moi la détente!

Je n'aurais pas dû m'étonner qu'il finisse par répondre à mon interrogation. Il s'était montré jusque là d'une honnêteté prononcée alors pourquoi changerait-il en cours de route? Mais quand il se décrivit, je le regardais de côté tout en continuant à marcher. Il me donnait l'impression de réfléchir aux termes appropriés sans vraiment les trouver, et bien sûr en me souriant. Ce n'était pas tout à fait la même esquisse joviale des premières minutes de notre rencontre, mais plutôt une de ses expression un peu inquiète. Des trous de mémoire? Cela pourrait sans doute expliquer les raisons du manque de confiance de ses compagnons. Que faisait-il pendant ces moments d'absence? Était-ce si terrible? Visiblement...

" Mmmm.... je vois. Cela doit être frustrant pour toi. Si tu ne te souviens de rien et que tu ne peux contrôler tes actes, et que de ces actes découlent une méfiance des personnes avec lesquelles tu travailles. Pire si cela conduit à d'autres problématiques comme la mise en danger d'autrui...  "

Je devais avouer que je ne savais pas ce que je pourrais faire dans une telle situation, ni même si un de mes camarades étaient dans un tel état. Je ne suis même pas certaine que j'aurais été capable de sourire comme il le faisait maintenant en m'évoquant cette vérité.

" Mais tu sembles avoir une sacré force de caractère. Tu ne sembles pas te laisser abattre. Tu connais les raisons de tes absences? Il y a un élément déclencheur? "

Je ne le demandais pas pour être spécialement sur mes gardes mais par pure curiosité encore une fois. Quand quelque chose m'intriguait, j'aimais aller au bout des choses et comprendre. Pour moi, Tsume était devenue une énigme dont je voulais mieux cerner le mécanisme. C'était rare que cela me prenne ainsi, c'était rare que je m"intéresse à quelqu'un d'autre qu'un Chinoike. C'était visiblement l'effet que cela faisait d'avoir de la sympathie pour quelqu'un d'autre que sa famille.

Alors que l'on continuait notre route, l'uzujin me précisa que les bains étaient mixtes.

" Ah. "

Cela me jeta un petit froid. Je n'étais techniquement pas une femme pudique d'un point de vue anatomique mais.... je n'aimais pas que l'on me vit le corps avec toutes mes cicatrices. Cela me complexait... surtout quand je me comparais aux autres femmes avec une peau si impeccable. Est-ce que je pourrais parler de jalousie? Peut-être un peu... C'était ridicule. Je le savais. Mais je ne pouvais pas lutter contre ce sentiment qui me donnait l'impression d'être physiquement moindre qu'une autre. Je me détestais quand je me montrais si superficielle.

" Je comptais porter une serviette de toute façon... mais je pense qu'il ne sera pas nécessaire de déranger les propriétaires avec une séparation. Je me contenterais de ce qu'il y a sur place. "

Je n'allais pas faire l’exigeante alors que je n'étais pas chez moi. Si vraiment cela devait m'être insupportable, je n'aurais qu'à chercher un autre endroit. Et puis, je n'allais pas jouer les fillettes non? Et admettons qu'il y eut d'autres personnes.... nues.... je n'allais pas juger. C'était des bains. Il y aurait forcément des gens nus. Et ça ne serait pas la première fois que je vois quelqu'un dans son plus simple appareil. La nudité, c'était rien du tout. La nudité, c'était naturel. Les gens n'avaient qu'à se balader à poil, j'en avais rien à faire! Voilà.

Je le sentais pas du tout. J'avais subitement un pressentiment que quelque chose allait.... déraper bizarrement. Je n'étais pas habituée à ce genre de milieu. J'avais toujours pris des bains seules ou entre femmes.

Alors que mes pensées s'envolaient lyriquement vers des songes que je ne devrais pas avoir, Tsume m'expliquait qu'il se conduirait convenablement, qu'il ne ferait rien de déplacer, allant même contre - visiblement - ses habitudes. Le genre à être à tout nu? C'était bien ma vaine.

" C'est... c'est très aimable de ta part et très précautionneux. Mais je te dirais de prendre ton bain comme à ton habitude. Normalement, tu seras dans l'eau donc.... je ne devrais rien voir. D'ailleurs, s'il y a déjà des clients, je n'aurais pas d'autres choix que de faire avec. Un de plus ou un de moins. "

La cruelle vérité. Je serais peut-être entourée de tas de gens tout nus. Mais il fallait que je vois le bon côté des choses. Cela me permettrait d'apprendre à lutter contre ma gêne.

Sur cette discussion, nous arrivions devant l'établissement. Il semblait petit et charmant. Je n'entendais d'ailleurs pas grand bruit, ce qui pouvait signifier qu'il n'y avait peut-être personne. Sans plus attendre, je rentrais et je fus accueilli par l'un des propriétaires que je saluais aimablement.

" Je voudrais profiter de votre établissement et de ses bains. On m'en a dit du bien. "

Je me tournais légèrement vers Tsume.

" Est-ce que nous pouvons y être accueilli sans problème ou vos bassins sont-ils occupés? "

La vieille femme m'assura aussitôt qu'il n'y avait aucun problème et qu'au contraire, nous étions chanceux. Pour le moment, nous étions les premiers clients de l'après-midi. Je ne savais pas si je devais être contente ou pas. Dans un sens, cela signifiait le calme mais que je serais seule avec Tsume. Dans l'autre, j'aurais été entouré de gens tout nus mais peut-être que j'aurais été moins gênée à me retrouver avec lui si peu vêtue. Dans tous les cas, je n'étais pas certaine qu'il eut existé une situation idéale. Je me tournais donc vers mon camarade et tenta de lui sourire.

" Bon... bah, je vais me changer. Je te retrouve donc dans les bains? "

C'était vraiment bizarre de dire les choses de cette façon. Vraiment Bizarre.

Alors que je me changeais tranquillement dans mon vestiaire, je me sentais soudainement bizarre au vue de la situation. En fait, je prenais seulement à cet instant un peu de recul sur ce qui se produisait là. Maintenant. A cet instant. J'allais prendre un bain avec un inconnu dans le plus léger des apparats. C'était complètement dingue. Complètement irréfléchie et si éloignée de mon comportement habituel que je me choquais moi-même. Il ne faudrait que jamais - JAMAIS - que ce qui se passait là ne puisse fuiter jusqu'aux oreilles de Buntaro. Sinon, il allait m'allumer avec cette histoire pendant des années. Un enfer en perspective.

Mais maintenant que j'y étais et que Tsume m'avait aimablement accompagné, je me sentirais bien stupide et honteuse de reculer. Je n'étais pas une lâche et ce n'était.... qu'un bain. Innocent. Simple. De la détente pure. Alors pourquoi avais-je autant d'appréhension? A cause de mes complexes? Non. Pas cette fois bien que... j'avais toujours des réticentes à ce que l'on perçoive mes cicatrices. L'uzujiin m'avait clairement fait savoir que lui, ça ne le dégoûtait pas. Alors quoi?

Enroulant une serviette autour de mon buste, juste assez longue cependant pour couvrir ce qui était nécessaire d'être caché, je fis glisser la porte pour pénétrer dans la partie des bassins en laissant derrière moi toutes mes affaires dans un casier. J'arrivais en même temps que Tsume et quand je le vis..... mes yeux le balayèrent de haut en bas sans que je ne contrôlais quoique se soit, alors que lui eut la décence de détourner le regard.

Par la force de mon clan! Qu'est-ce que je faisais! Aussi vite que je pus, je détournais moi aussi la tête, pas seulement par politesse mais aussi pour cacher le fait que mon visage était devenu aussi rouge que si un nuage de vapeur venait de m'agresser. Cette situation m'était tout à fait inconfortable. Mais ma honte fut plus grande encore quand Tsume lui-même m'intima de ne pas rester devant lui alors qu'il cherchait à pas se montrer inconvenant.

" Euh.... oui, oui. "

Toujours un peu gênée, je me précipitais dans l'eau. Au moins, je pourrais dire que j'étais rouge à cause de la chaleur, tout en dissimulant toutes mes marques de combat. Ne sachant trop où me placer, je me mis en face de lui, m'adossant à la pierre. Je ne regardais étonnamment pas en face, je baissais les yeux pour regarder les ronds dans l'eau. La vapeur me permettrait de me dissimuler un peu plus et il me fallait seulement quelques minutes pour me reprendre et avoir les idées claires. En tout cas, c'était ce que je croyais.

" Des sources chaudes? Non. Pas portée à ma connaissance en tout cas. Nous avons principalement un grand lac qui gèle régulièrement.... et beaucoup de neige. "

L'ambiance n'y était pas chaleureuse du tout.

" Nous n'avons pas de réelle activité de détente. Pas de ce genre en tout cas. Et.... à Uzu? Je suppose qu'il est bien plus probable d'y en trouver, non? "

Je relevais enfin la tête, poussée par la curiosité.... jusqu'à poser une question qui n'aurait peut-être pas du m'échapper de la bouche.

" Tu as l'habitude de te détendre comment ? "

Pas en jouant aux échecs.

Je posais mes yeux sur lui avec une certaine forme d'innocence. C'était le plus simple à décrire. Peut-être avec un peu d'envie aussi quand il me parla de ses plages. Les nôtres n'avaient absolument pas la même tête que ce qu'il me décrivait. Par contre, quand il me fit remarquer ma blancheur de peau, l'expression de mon regard devint un peu plus suspicieuse. Je le regardais en plissant les yeux, comme s'il venait de toucher à un point sensible... bien qu'en réalité, ma blancheur, je la devais principalement à ma nature de Chinoike. Je savais qu'il ne pensait pas à mal. Cela se voyait à sa tête et le grand sourire qu'il affichait perpétuellement. Et puis, il ne faisait qu'énumérer une réalité et du bon sens. C'était peut-être ça que je trouvais suspicieux.

" Je n'ai pas tellement le temps de me rendre à la plage. Mais pourquoi pas? Je suppose que cela doit être un paysage assez beau à voir. "

Je n'étais pas certaine de trouver le temps, pas avec les plannings que je m'accordais à moi-même. Et puis, vous imaginez? Une Chinoike bronzée? Puis il me parla de dessins. C'était donc sa vrai passion? Je me demandais à quoi pouvait ressembler une de ces esquisses.... et le genre qu'il dessinait. Parce que s'il s'agissait de faire des croquis de toutes ces conquêtes, trop peu pour moi.

" Tu dessines quel genre de chose? "

Autant savoir plutôt que laisser mon imagination faire le travail. Je n'étais pas dans une situation qui me permettait d'avoir des idées bien claires. Mais je n'ai pas eu le temps d'avoir une réponse rapide qu'il s'approcha de moi les mains en l'air pour me montrer qu'il n'était pas "dangereux". Qu'est-ce qu'il voulait faire? Pourquoi se rapprochait-il autant? Comme une idiote, je m'étais totalement raidie et je rougis quand il me saisit par la main. Il m'écarta du rebord avec facilité avant de se glisser derrière moi.

Je me raidis encore plus lorsque je sentis ses mains se poser sur mes épaules. Un véritable i. J'eus même un drôle de frisson qui me parcourut tout le long du dos et si je devrais être honnête avec moi-même, ce n'était pas désagréable. Je parlais de ses mains. Enfin, son massage. Tout se mélangeait un peu dans ma tête. Personne ne me touchait. Personne ne m'avait seulement touché tout court.

Je ne pouvais pas me définir comme étant une fille timide mais je n'étais clairement pas à l'aise dans ce genre d’interaction sociale pour la simple raison que... cela ne m'était jamais arrivée. J'irais même dire que je n'avais jamais autorisé à ce que cela n'arriva par peur que cela devint une distraction que je ne pouvais me permettre. Pas avec les ambitions qui étaient les miennes. Mais même Buntaro me disait que je ne devais pas m'enfermer comme je le faisais. "Se préoccuper des autres, c'est bien mais pense un peu à toi" qu'il me disait. J'étais venue dans ces bains en pensant à moi, c'était déjà bien non?

" Si je suis venue ici, c'est pour essayer de penser à moi. "

Je détournais les yeux quand il se posta devant moi. J'avais l'impression d'encore sentir ses mains sur mes épaules et mon visage devait littéralement exprimé que j'avais.... apprécié l'efficacité du massage. Oui, c'est ça. Cela ne pouvait être que ça. Puis... tout a déparé. Lorsqu'il évoqua l'utilisation de ses mains de manière totalement tendancieuses, mon visage s'empourpra encore plus alors que mes yeux sanguins se posèrent sur lui, grands et écarquillés.

" Quoi? "

Il se redressa pour tenter de rattraper ses propos mais cela m'enfonça dans ma propre gêne parce que, bien évidemment, si vraiment je n'avais rien à me reprocher, si vraiment je n'avais pas eu de honteuses images en tête, je n'aurais fait aucune interprétation. Pas de se genre en plus. Et je l'avais à moitié nu à quelques centimètres de moi! Il fallait que je me reprenne. Que je me reprenne vite!

D'un coup, je pivotai sur moi-même pour lui tourner le dos. Mais qu'est-ce que je faisais! C'était ça, ma solution? Je serrais ma serviette contre moi et réfléchissais vitesse grand V mais rien de bien se ramenait à mes pensées. Satanée vapeur! Satanée chaleur.

" Tu peux... enfin je veux dire.... tu peux me toucher. Enfin non, c'est pas ce que je voulais dire. Tu peux me masser.... si tu veux bien. "

J'avais besoin de me détendre. Mais est-ce que c'était la solution appropriée? Non madame! C'était la pire que j'avais pu trouver! Mais c'était pour donner le change. Il faisait des efforts, je faisais des efforts. Et puis il avait de lui-même expliqué qu'il n'avait pas d'arrières-pensées. Alors pourquoi non de nom, étais-ce moi qui en avait? Cela ne me ressemblait pas du tout. PAS DU TOUT!